Journal d'une ménagère zébrée

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dimanche, octobre 30 2022

Cinéma

Plic plic, toque et toque l’eau froide sur la vitre sinueuse. Floc floc et flaque la peau sombre et sale de la pluie qui rode son haleine caverneuse. Au dehors, comme une vague menace visqueuse. Et murmurent un mur puis deux les quatre frissonnent leur solitude hivernale. Resserrés tout autour, comme un piège qui me cloître. Moi. Au milieu qui tournoie d’une paroi à l’autre.

Un pas vers le fourneau un autre devant l’âtre de la cheminée, magistrale qui flamboie son indifférence au spectacle de la nature. Mon âme lugubrement essorée. Une tasse puis deux. L’un dans l’autre le café, dans l’évier, vite bu oublié. Un geste dérisoire, pour combler le vide qui s’installe. Et avale dévale le café de la gorge, vers le corps faussement rasséréné. Intranquille. Condamné énervé à errer. Valse stupide.

Tic tac le temps s’est figé, enroulé tout autour de son cours et du cou comme une écharpe d’anxiété. Ploc ploc le robinet qui file son compte à rebours... De la cuisine au salon. Et de la cheminée au canapé, je. Cherche la porte de secours, où traverser l’instantané? Clic et clac, me retrouver de l’autre côté. Loin du corps qui ne sait où se poser : au-delà de la vitre désabusée, rien à faire dehors ! Bam, bam, nulle part où ramer, si ce n’est au-dedans de soi.

Fermer la fenêtre, et appeler… « ohé ohé, y a-t-il quelque part quelqu’un qui montrerait le chemin ? » Vers cet ailleurs ensoleillé, je cherche la lumière ! Pale et dépoli, il n’y a que le reflet projeté. A travers le regard qui s’est inversé, et contemple tout cela comme un théâtre grotesque, tant de fois rejoué. Zip zap reprendre le pinceau, et faire jouer sur les ombres un nouveau scénario. Toc, toc : tableau ouvre-toi que je sorte de la scène, et puisse contempler cet acte recomposé. La main sur la page qui se déploie comme une toile éclairée, l’esprit peut à présent venir s’y projeter.

tunnel.JPG

vendredi, juillet 1 2005

Abandon

Tout autour de moi
S’écroule
Les habitudes
Les pensées, les rêves
Et même les prières
En une immense houle
Qui s’élève inquiétante
Comme une marée trouble
Annonçant une profonde tempête
Et la tempête fait rage déjà
Tout au fond de ma tête
De mon cœur,
De mon âme en défaite
Tout autour de moi
S’écroule
Et je ne peux que me rattacher
A mon faible émoi
Tapi si fragile
Derrière cette fièvre
Qui est là ? …
A part moi qui m’en vais déjà
Harassée par tant de misère
Ma vie elle-même
Est une longue défaite
Une agonie qui répète
La même promesse
Celle de l’oubli
Qui tiendrait lieu d’ivresse
Si seulement je pouvais
Me laisser mourir à moi-même
Et renaître
Alors je m’incline
Face au désarroi qui bat retraite
Quelque part il est un être
Peut-être
A qui je pourrais m’en remettre
Le Roi de la nuit
Et des rêves amers
Il est dit-on déjà venu par ici
De ma fenêtre qui part en poussière
Je t’appelle, je t’implore
En une quête fidèle
Oh mon Amour, si grand et abstrait
Tes bras immenses de velours
S’étendent là
Derrière les plis de la souffrance
Tout autour
De mon âme déjà en transe
Permets-moi de tomber sans retour
Dans les filets dorés
De ton royaume infini
Passant ainsi de l’autre côté
L’autre côté du monde décadent
Qui ressert un peu plus chaque jour
Les dents acérées de sa machine à broyer
Les habitudes
Les pensées, les rêves
Et même les prières
Des esprits qui ont oublié …

samedi, avril 1 2000

Reflet

Le même visage
Sur le même paysage
Entre deux façades sans face
Je suis
La dimension qui creuse son espace
Et l’espace qui creuse l’espoir
Entre deux visages sans age
La ride creuse l’ironie
Au voyage par hasard
De barrières ouvertes
Comme des bras
Un même visage
Dans un même paysage
Je suis
Le pas de vie
Qui rythme deux rivages
La mer sans repère
A perdu ses clivages
Un même visage
Dans un même paysage
Toujours le même pas lent
Qui lancine sa danse
Enlève
Enlève
Enlève-toi
Sur le seuil latent
Du temps qui n’en finit pas
De semer ses semelles de vent
Même visage
Et même paysage
Le soleil apposé au rêve
Deux lumières qui oscillent en parallèle
Parallèle qui suit une même origine
A la fin du disque
Je serai
Passage après passage
Dans ce paysage sans suite
Doublé de deux mirages
Le visage qui sourit
Au sourire du paysage
Passage après passage
Et revenir sans pouvoir le suivre
Et le langage qui s’efface
Pas à pas
Vers le visage de la folie…

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samedi, janvier 1 2000

Rupture

Le monde se sépare
 le monde se sépare
	de son long mariage
triste sombre
triste tombe
	son âme
	vers le tard
le voile pathétique jeté
sur le visage lisse
qui s’incline
le monde agonise
la fine toile 
	invisible
déjà se tisse
sur les sommets des cimes
	               tranquilles 
et se tend en lac impassible
l’immense surface glace
prend place
entre la terre chagrine
et l’espace indésirable
et le toit du monde
se change en miroir de l’âme
qui enferme d’un côté
le monde obsolète
et tous ses objets qui sommeillent
et tandis que le monde tombe
dans son temps en retrait
	et gestes dociles
de l’autre côté du rêve fatigué
le ciel, toujours le ciel, le même,
absorbe les regrets dans son vertige 
	                   sans limite
et les oiseaux dispersés 
dans leur joie sans limite
emportent les esprits
	qui se sont échappés...

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samedi, décembre 5 1998

Face à face

Face au visage d’un autre
Face au mirage autre
D’un même visage
L’âme rencontre
Le contrepoison de l’image
Qui la piège et l’acclame
L’antidote de sa folie
La conscience doublée
D’un pareil au même
Et lourde d’un toujours
Même mystère qui s’enfonce
Dans sa propre lumière artificielle
Le tumulte des sentiments
Plonge son tranchant amer
Dans l’office ordonné
Des souvenirs bien rangés
Un à un comme des reliques sacrées
Justifiant une illusion dorée
Et tous les objets secrets
Non formulés dans le couloir
De la poussière originelle
La tempête du silence
Etale ses états d’âme
Dans les rêves les plus reculés
Pas de dessein pas de trêve
Dans une tête obstinée
Et la tête tient tête pendue
Au-dessus du vide de l’absence
Le temps un instant fractionné
Le monde un instant visionné
Mais la respiration reprend
Toujours et latente
Et la mort son attente
Et la vie son atteinte
Au-delà de l’émoi
Le bonheur force la blessure
Qui ne se termine pas
Pourquoi tomber sous le pouvoir
D’une vie qui ne commence pas
Les deux mains mises
Sur l’emprise d’un destin
Le cœur recule
Face à un engagement obscur
Le corps se fige
Comme un fossile insolite
Issu d’une civilisation
Née de sa propre faillite…

jeudi, décembre 14 1995

Procession

Je chemine calme
Sur le blanc de la page
Sur la plage invisible
De mon esprit
Qui se déroule
Page par page
Ame par âme
Tandis que mon corps
Rentre en dedans
De son propre vide
Le stylo touche le sang
Pour gémir son émoi
Et l’encre coule en transe
Dans ma tête vide
Mes membres engourdis
Comme une drogue dévastatrices
L’étrange torpeur m’envahit
Et les mots sortent
Lentement de leur insomnie
En procession insolite
Les petits insectes
Grignotent le peu de vie
	    Qui me reste
Je grouille de vers
Qui s’installent
Sur les pages du souvenir
Le souvenir du terrible devenir
Les taches s’éparpillent
Les mots éclatent
Nés de l’œuf unique
La grande couveuse ingrate 
		Qui s’oublie
Je nage dans mon espace
Comme un poisson lunatique
Qui a perdu ses racines
	  son image 
	     sa vie
L’eau s’est retirée
Dans le bocal invisible
Caché derrière le miroir
Caché derrière la page
Les livres les mots 
	  les dictionnaires
La plume est un lance feu
Transformé en lance-pierre
Pour atteindre la vitre
Et la casser
L’eau des mots
Attend de se répandre
Pour remplir le corps sec
	      la matière vide
	      qui se languit…

jeudi, janvier 5 1995

Plaisir esthétique

Le plaisir suprême
est le plaisir esthétique
du regard posé
sur la chair qui se tait
blême et pathétique
dans le corps du mystère
qui la sert et l'enserre
sous sa forme magique
les viscères se tiennent
et retiennent le sang de l'âme
au centre de la machine
vaine qui alimente le mécanisme infâme
la pensée tourne et s'impatiente
dans le piège inconsistant
de la matière qui l'enferme
loin de son univers
loin de ce qui la fait être
la vie ordonne le désarroi
et la mort l'espoir
qui s'infiltre en dedans
comme une fuite vers l'échappatoire
alors s'entrouvre
la fenêtre ultime de l'âme
par une agonie improvisée
le regard mime la mort
et longe ses penses insolites
et la mort plonge dans le regard
et creuse l'ouverture vers l'impossible
par le fil ténu qui s'étale à l'infini
l'âme voyage et creuse le paysage choisi
autour du regard qui se referme
et d'un corps nouveau qui se regarde
par le plaisir suprême
qui est le plaisir esthétique
du regard posé sur la vie qui se démène...

Vertige

Par le soleil accroché dans le vide
La terre tourne sur elle-même
Folle blême emprise au vertige
C’est comme si elle fondait
En une glace incompréhensible
En une eau froide et solide
Qui la ferait tomber davantage
En arrière de ses propres limites
Par cette pause interdite
La terre secrètement se décompose
De paysages en paysages
Tel un immense mirage
Qui se diviserait à l’infini
C’est comme si elle mourait
A chaque instant
Et à chaque instant renaissait
Plus insolite encore et pleine de mystère
Par le soleil accroché dans le vide
En souverain amoureux et tyrannique
Qui impose sa lumière divine et avide
La terre semble progresser à l’envers…

dimanche, décembre 5 1993

Étreinte

Pour ne pas quitter mon corps
Il aurait fallu
Deux bras plus forts
Qui me contiennent
La mort
Il aurait fallu
Cette conviction absolue
Qui enserre
Et ramène
Au centre
Au centre l’univers
La peau qui tient de tout
La peau est ce lien
Qui retient le rien
L’empêche de s’évaporer
Par les larmes coule
Le frisson inutile
Qui court l’échine
Et se perd dans l’esprit
Goutte à goutte
La pensée s’oublie
Puis péniblement reprend
Sa route
Vers un corps étranger…

Cicatrice

Il me faut
Physique la barrière
Pour m’arrêter
Et recommencer
La claque immense
Qui fait tomber
Et déchoir de ses idées
	 déchoir de sa pensée
Mon âme souffre et réclame 
La balafre
Gravée définitive indécente
Par le fer et le feu
En travers du visage
En travers du corps soumis
Et du nom si dérisoire
D’un coup de rasoir
Ciblé cinglant saignant
Par le tranchant double de la flamme
Mon âme réclame
La sagesse ultime
La délivrance
De l’épreuve excessive
Par le sang
L’être se dévide
L’être se liquéfie
	 se répand repent et se reprend
Bain de sang bain de mer originelle
Il faut que coule
La putride essence
Fermentée de par le monde fermé
Il faut souffrir
	    s’ouvrir les veines glacées
             ouvrir les vannes cimentées
Et que se déverse la vie
Et toutes les choses qui étaient condamnées
 les choses oubliées
        Et les choses à venir
Il faut s’ouvrir
Dans la blessure la vie s’est engloutie …

dimanche, janvier 10 1993

Angoisse

La nuit arrive
	arrive
          arrive et l'angoisse
          infime infinie
        humble de l'âme 
      qui s'oublie se lâche 
      et décline dans le puits 
      livide sans cache 
      du temps qui défile 
      comme un film insolent 
      brouillant ses repères 
      l'image perfide tournoie dans la nuit 
      vide absolue tyrannique 
      et s'enroule comme un courant noir 
      autour de la tête incertaine 
      qui  creuse et cherche
      le maintien de son port
      le port de ses rêves
      le rêve qui sécurise

      la tête dans la prise 
      et les doigts qui  palpent
	       l'étincelle
      les yeux au fond du regard 
      appellent la lumière 
      le décor de la scène s'éteint 
      les querelles s'affaissent 
      les passions doutent 
      tout paysage sommeille 
      et s'éveille à présent 
      en guise de modique relais
      en phare unique dans la nuit 
      la fragile lueur 
      quasi phosphorescente 
      d'une survie inquiète 
      le désir intense 
      tendu et sans faiblesse 
      d'un être un mot un soupir 
      une évanescence qui refuse 
      qui refuse l'absence
      à cause d'un temps  
      instable incompétent et cruel

.......... Version sonore sur YOUTUBE ..........

lundi, décembre 14 1992

Crise d'air

Maladie de la vie
Je soulève le poids de plomb
De la cage charnelle
A chaque instant
Le faible souffle s’engouffre
Dans l’entraille abyssale
L’air voudrait s’étirer
Anéantir la matière inutile
Et répandre un espace de liberté
A chaque mouvement non désiré
Involontaire de la masse inerte
Le souffle parcourt
La profondeur obscure de l’esprit
L’enfer incarné l’incarnation
De ce qui ne voulait pas être
Quelque part dans l’être intime
S’élève à chaque inspiration
Une douloureuse révolte
L’émotion d’une violence contraire
Qui s’acharne contre le rythme vital
Le traumatisme insupportable
Qui se répète presque à chaque pas
A chaque geste contraint et nécessaire
Et l’air provoque dans la tête
Un tremblement de haine
D’impuissance de défaite
Et le souffle resté quelques instants
Dans la prison funèbre et néfaste
Ressort imprégné d’incompréhension
	Et de désespoir…

Emprise

Une main se tend
Qui est apparue
Au centre de mon abîme
Une main couleur de nuit
	et d’incertain
Qui me recueille et me tient
Suspendue au-dessus du vide
Et réclame en échange
	de son appui
Que je lui porte les larmes
Versées au sort du hasard
En eau de pluie dispersée
Qui submerge et renverse l’univers
Une main invisible me tient
Qui se fait l’ombre
De ma propre main
Et tandis que je cherche
Le geste qui se tend vers le monde
	Et apaise
L’autre main retient
Et provoque le malaise
Gardienne du secret
Gardienne des excès
La poigne de fer
Tantôt velours sombre
Me maintient
A la frontière extrême
Entre le silence et la parole
La présence et l’abstinence
Le jour et la nuit
Pendant que la vie se déroule
Au dehors provisoire et légère
En mon être sombre
	  comme une cathédrale
La main tisse la toile 
D’un étrange savoir
Survenue d’un vieux sage
Ou peut-être du diable
Et me fait connaître
Le poids de l’âme
Le poids de l’âge de l’âme
Aux côtés d’une illusoire jeunesse
Une apparence insouciante…

Tout au fond

Au fond de la douleur
Gisait le jardin de mon bonheur
Et jaillissaient les souvenirs
Heurt après heurt d’une vie
Qui semblait étrangère
Au fond de mon cœur
Je lis des mots qui me font peur
Et j’oublie le message du malheur
Qui dit que la vie est un leurre
Au fond de mon corps
J’explore la misère du désordre
Qui envahit les viscères puis le décor
Sans un bruit
En une explosion de métaphores
Au fond de mon fond
Se tapit l’œil de l’infini
Qui sonde le bord de la limite
Au bord tout au bord
L’onde de choc
La mort qui change de monde
Au fond de mon âme
J’inscris les larmes du désir
Et résiste à l’envahissement infâme
Qui égalise les sentiments les plus subtils
Au fond de ma mémoire
Un seuil au-delà duquel
Il fait déjà noir
Le temps a truqué son miroir
L’avenir s’est figé en mouroir…

vendredi, janvier 10 1992

Disparition

Je m’allonge avec tendre résignation
Dans le fleuve froid et indifférent
De la mort de l’âme
Souhaitant voir apparaître
Le corps de tous les pleurs
Le regard derrière l’apparence
Le vivant de l’absence
Je m’allonge
Sans regret sans reproche ni peur
Dans ma propre absence
Peut-être je croiserai
Dans la dernière souffrance
L’incarnation de mon silence
L’être qui se cachait dans l’autre
L’autre que je rêvais sans le connaître
Connaissant seulement
Le sillage de son ombre
La perturbation que faisait naître
La beauté de tous les possibles …

impasse

A travers le corps
Une âme se fait face
Et construit
- Le corps -
Et construit
La vie la dépasse
La vie
Un fruit
Au milieu de l’impasse
L’esquif
Au centre de l’eau
Qui s’oublie
Un pli s’incurve
	   s’incline
Au centre du visage
Comme une ride
Qui sourit
- Un sourire -
Tout sourire
Et l’abîme qui invite
Sur la surface lisse …

Dérive

Perdue
Perdue dans le néant néfaste
D’une attente sans nom
De l’attente sans trêve
D’un être cher qui saurait
Faire taire l’angoisse
Le vide suicidaire
Où l’âme se défait
Comme un voile insomniaque
Déjà il se fait tard
Les idées se sont quittées
Tristes continents à la renverse
La pensée flotte sans navire
Sur une mer dépassée
Fatiguée de s’étaler à l’infini
Cellules-cercueils qui se replient
Les désirs régressent à l’origine
La coquille se referme
Et reprend en elle la beauté la magie
Ultimes phares abandonnés
Les feux du rêve s’éteignent
Le vertige de la nuit sans limites s’abat
La pluie noire avale les derniers paysages
Le tableau trempé pers sa couleur
Comme une femme en douleurs
D’ailleurs la femme perd la femme
Et l’enfant l’espoir
La substance d’être et d’amour s’en va
Inexorablement dans le siphon de la vie
Percée miraculeuse et insensée
Par les poignets tendrement nostalgiques
La douceur lentement s’échappe s’évade
Somptueux liquide ivre de liberté
Le ruban de soie s’étire indéfiniment
Créant son propre chemin de délivrance
Dans ce voyage insolite et intime
Il emporte chacune de toutes les particules
Si profondément amoureuses encore…
La femme perd la femme
Et l’homme est dépossédé de l’homme
Éloigné à jamais d’une partie de lui-même
Éloigné à jamais de l’être qui l’aimait

L’attente

L’attente recouvre 1es murs
De sa couleur de salissure
Hideuse torpeur où s'alignent les blessures
La minuscule armée s’avance dans la fissure
Les yeux broient du noir
Qui envahit l'air impur
Les mains cherchent l'espoir
Qui s'est caché hors de la vue
L’immense désarroi
S'est emparé de la fragile lutte
Le temps s’est arrêté
Il a fondu comme un paquet de glu
Une glu grise et sale qui paralyse les bras
Enveloppe et avale le corps déjà perdu
La pensée se débat dans la gelée inqualifiable
Cherche une sortie pour s'évader loin du cloaque

dimanche, janvier 5 1992

Fatal

Doucement torture la chair qui,
lentement, se fissure
douloureuse brûlure du grand mystère qui,
inlassablement, attache l’esprit à la matière
     enchaînement pervers dans le nœud coulant 
                     de la vie qui, petit à petit, 
                     autour de l’âme se resserre
                  piège inconscient et nécessaire
                 dans l’air cruel de l’atmosphère
                jeux d’innocence et de sacrilèges
               contournements et regards blêmes,
                  l’accomplissement se fait amer…