Perdue
Perdue dans le néant néfaste
D’une attente sans nom
De l’attente sans trêve
D’un être cher qui saurait
Faire taire l’angoisse
Le vide suicidaire
Où l’âme se défait
Comme un voile insomniaque
Déjà il se fait tard
Les idées se sont quittées
Tristes continents à la renverse
La pensée flotte sans navire
Sur une mer dépassée
Fatiguée de s’étaler à l’infini
Cellules-cercueils qui se replient
Les désirs régressent à l’origine
La coquille se referme
Et reprend en elle la beauté la magie
Ultimes phares abandonnés
Les feux du rêve s’éteignent
Le vertige de la nuit sans limites s’abat
La pluie noire avale les derniers paysages
Le tableau trempé pers sa couleur
Comme une femme en douleurs
D’ailleurs la femme perd la femme
Et l’enfant l’espoir
La substance d’être et d’amour s’en va
Inexorablement dans le siphon de la vie
Percée miraculeuse et insensée
Par les poignets tendrement nostalgiques
La douceur lentement s’échappe s’évade
Somptueux liquide ivre de liberté
Le ruban de soie s’étire indéfiniment
Créant son propre chemin de délivrance
Dans ce voyage insolite et intime
Il emporte chacune de toutes les particules
Si profondément amoureuses encore…
La femme perd la femme
Et l’homme est dépossédé de l’homme
Éloigné à jamais d’une partie de lui-même
Éloigné à jamais de l’être qui l’aimait