Dans une époque en toc en des temps sans détente teintée de rêves éteints et de raves ouvertes la face effarée sous un fard allumé l'artifice-défi s'édifie sans défaut la faux fauche facile les sans-fond qui s'effacent et la Défense fonce défoulant la défonce ah ! les fous les fils et les filles foulant le vent et soulevant les devants divins des veaux du soir des fêtes et du vin buvons buvoir l'esprit et l'espoir car les poires se plient sous le poids et l'emprise des prix qui broient et des proies qui se brisent sans cris sans croix sans bannière et sans bois sans écrits sans y croire creusons les déboires de brutes débiles au débit indécis indécent et sans sens qui signe et sème l'essence et le sang en sang ensemble semblons s'en sortir en sort et en tirs en tords ressortissants oh ! le temps d'attente et l'atteinte à l'entente tant d'attentats et de têtes tentées d'élites en délit et de faits dans les lits des lieux s'éditent des dieux se délitent et les deux se désistent les dires se vident et le vide persiste dans une époque en toc en des temps sans détente la vie vibre grise sous le sommeil de maudits…
Poèmes en prose › - complaintes
vendredi, décembre 22 2000
Epoque en toc
Par Cécile Montier le vendredi, décembre 22 2000, 15:39
mercredi, décembre 29 1999
Un homme à terre
Par Cécile Montier le mercredi, décembre 29 1999, 16:15
Un homme à terre ! Je crie à l’appel de sa plainte Je crie à la peine sans feinte Qui le tenaille depuis l’aube éternelle Un homme isolé sur sa peine Qui tire le monde Comme une chaîne enraillée Un être sans honte debout Dans le sommeil étoilé Comment peut-il vivre Sans tomber dans la mer de l’oubli Comment peut-il tomber Sans s’arrêter pourtant de vivre Sans savoir où va l’emmener Sa peine injustifiée Un homme à la fenêtre Un homme à la fenêtre De sa pensée sans objet Va-t-il s’y jeter Par dépit de vérité Un homme sans rêve Un homme sans rêve Car le rêve ne fait pas être Peut-il continuer ainsi à espérer Sans toucher jamais à la réalité D’un simple rêve … un homme grandit dans l’univers Sans savoir jamais s’il a été Ou s’il sera un être comblé…
mercredi, décembre 16 1992
Orgie
Par Cécile Montier le mercredi, décembre 16 1992, 16:17
Époque stationnaire et saturée L’ère frigidaire démesurée S’est propagée à l’échelle planétaire Apparition du grand vide dominateur Le tortionnaire Aspirateur à l’ambition acide Absorbe toute chaleur et douceur de la vie Pour ne laisser que la rancœur des cœurs livides Dictature féroce et invincible Des presse-purée au service de la folie La folie inquiétante et impalpable D’un système digestif mis en tête de liste Royaume écœurant et imprécis Où les êtres et adjectifs sont esclaves des appétits Stagnant dans des bains d’huile ou d’avarice Tantôt engloutis par la froide ignorance Ou rejetés par la brûlante bile Aveuglante cime des ventres arrondis Les montagnes fétides et indiscernables Retiennent l’âme et l’esprit dans le piège Et en leur panse et leurs pensées sacrilèges Elles menacent de tout démolir Les êtres sont prisonniers des glaces cupides Montées comme d’immenses entremets sordides Imprégnées de suc de vice et de rêves sabotés L’humanité coule comme une crème fouettée Et s’apprête à disparaître en une bouche tourmentée…
Bouffonnerie
Par Cécile Montier le mercredi, décembre 16 1992, 16:17
Déguisée la science se plante Sur le bord du théâtre délabré Comme une fleur artificielle Qui attendrait de grandir Cousue d’ancienne amertume Et de fibre sans valeur Contre mauvaise fortune La religion, elle, fait bons pleurs A défaut d’être reine d’aimer Et savoir protéger la vie Elle déballe son sac d’orgueil Et de faux sacrifices Entre tous ses malheurs Le monde est ainsi en deuil D’une compagne attentive Qui saurait lui offrir l’accueil Et le bonheur de reprendre vie …
mardi, décembre 15 1992
Dégraissage
Par Cécile Montier le mardi, décembre 15 1992, 16:17
Au seuil de la modernité sous l’immense chaîne des astres maudits j’empile les désastres des assiettes vidées par le vice et remplies de grâce mauvaise le monde peuple le vide d’une âme désertée vendangée puis vidangée et laissée sale aux mains de l’oubli les raisins de sa divine colère s’annonceront d’ailleurs bien amers l’air pur s’est frigidifié dans le frigo des appétits impurs la vie ressemble à une tranche de gigot que l’on s’arrache à coup de dents aiguisées et de vestes imbues entre gens imbuvables
lundi, décembre 14 1992
Complainte
Par Cécile Montier le lundi, décembre 14 1992, 16:10
La tête comme un livre Les pieds sur le sol vide Je nage entre deux eaux Cherche le chemin libre Où est le paradis Difficile à décrire Peut-on vivre facile En bohème indécis La vie est une crème Qui coule en artifice A défaut d’une trêve On achève ses fils Oh, vice de l’emblème Qui crie ta couleur blême Je voudrais te voir riche Pour pouvoir te maudire ! Où est passée la vie Je croyais la tenir Mais non elle est partie Fidèle à son caprice Car ainsi qu’un soleil Alla apparaît sans bruits Fait éclater merveilles Puis disparaît subit Ouvert est donc l’abîme Sans qui ne saurait plaire La vie est un mystère Un infini défi…
vendredi, janvier 10 1992
Mauvais rêve
Par Cécile Montier le vendredi, janvier 10 1992, 18:21
La fièvre se liquéfie
Fumée tiède de l’ennui
Le rire blême se replie
Triste rêve à la dérive
Tous les sommeils se réunissent
Densités pleines qui s’inclinent
L’aveu se traîne sans s’accomplir
Les jeux s’enchaînent sans désir
Fini l’éveil et le plaisir
Les couchers de soleils referment leur vie
Les bleu du ciel s’enlèvent et se salissent
Nuages amers de la rengaine
Les amitiés s’achèvent et s’enlaidissent
Buée de colère et d’artifice
Les douceurs fragiles sont souillées
La candeur créatrice est refoulée
Tendresse et chaleur oubliées
Caresse du cœur abîmée
Adieu l’ivresse adieu les pleurs
On a tué la noblesse du bonheur
Piétiné toutes les splendeurs…
dimanche, janvier 5 1992
Névrose
Par Cécile Montier le dimanche, janvier 5 1992, 17:07
Eau de peau
Couleur de viscose
Imbrication à tout étage
Des différentes névroses
Structure en travers l’espace
Qui entraîne les âmes
Ligote les choses
Tremblement infâme qui s’impose
Dérange le repos
Mélange les mots
Frisson nerveux qui trouble
Le reflet calme de l’aube
L’ombre mauvais s’avance
A petites doses
Danse infernale et perpétuelle
Encore secrète
Au bord du gouffre sombre
Annonciatrice de la défaite
Du gigantesque tourbillon glouton
Qui guette et attend
L’abandon total et irréversible
du monde…
Voracité
Par Cécile Montier le dimanche, janvier 5 1992, 17:04
Le fruit désiré Est celui sortant du ventre Le fruit de la vache Le fruit de la poule Le fruit de l’âme Oh, vienne que je te cueille Comme une fleur sacrificielle Baignant dans la stupeur auréolée Ma bouche riante béante et dévorante Attend D’ensevelir tout fruit possible Le destin n’attend pas Le festin se prépare Les intestins réclament Les esprits ont faim …
Nöel
Par Cécile Montier le dimanche, janvier 5 1992, 17:01
Putréfaction ordonnée Dans le grand ordinateur effronté La machine sale à l’humeur agressive aux abois régressifs Glissement évasé dans la ville froide ménagée En silence en vacance Comme dans un dessin animé Les guirlandes à l’huile Brillantes de sang maquillé Coulent entre les doigts tous gonflés Les yeux des pleurs s’égarent Hagards dans le vide-ordure débordé Sueur fade dans la nuit sans divine Les loups du vide hurlent leur acide Au tournant du visage qui Lentement déjà s’effrite L’éventré du regard est assis dans l’oubli Délaissé dans sa bulle maladive Refoulé dans son secret trop terrible Cris poids plumes … les mots ne savent plus quoi dire
Nausée
Par Cécile Montier le dimanche, janvier 5 1992, 17:00
Miroir en eau de rose
Gélifiant pâle et métamorphose
Couleur de grimace et de saccharose
Les yeux se parent d’un rideau de peau
Défilé hagard sur un jeu de poses
Dédoublement gras sous un ciel guimauve
Face à face lâche derrière l’âme close
Les couleurs d’enrobage crachent leur cirrhose
Névrotique espace où l’élan se sclérose
Les rêves se figent comme du sucre glace
Les pensées éclatent en paillettes voraces
Cristallisation acide dans le creux des choses
La vie fond comme une friandise
Mélasse insipide d'écœurantes envies
Bien vomitif où stagnent les tristes désirs
Bouillie décomposée de réalités qui pourrissent
Le monde blasé rumine la nausée de l’ennui…
samedi, janvier 5 1991
Marécage
Par Cécile Montier le samedi, janvier 5 1991, 17:21
Les pieds dans le fleuve noir immonde
Et l’âme comme une toile d’araignée
Qu’avons-nous pour redécouvrir le monde
Nous avons les mots cloisonnés
Dans la ronde de tous les jours
Et quelques regards jetés vers le passé
Un profond silence sur les pays éloignés
Et l’espoir emmuré dans une immense tour
Qu’avons-nous pour redécouvrir le monde
Un long séjour dans une existence sans réponse
Une défonce, lente, vers les questions plus intenses
Nos morts retiennent notre amour
Et l’amour, lui, n’attend plus que la mort
Pour espérer son retour…
Qu’avons-nous pour redécouvrir le monde ?
Le cloaque
Par Cécile Montier le samedi, janvier 5 1991, 17:19
Eh, holà, halte !
Halte là devant moi !
Han ! J’avance m’élance dans le froid cirage
Aie ! Projetée malgré moi dans ce cloaque infernal
Eau trouble eau vaste néfaste
Mélange intense des tumeurs en suspens
Enlacement lâche dans le mauvais sens
Mort qui attend l’étreinte du vivant
Liquide dangereux acide dérangeant
La volumineuse substance emphatique fatidique
Engorge l’espace l’étouffe l’étrangle
Atmosphère perverse étrange gluante
La mauvaise espèce impatiente criante
Masse lugubre hurlante dans le silence
Toile inquiète se défaisant se refaisant déconcertante
Fils électriques qui titillent et distillent la bile
Palpant entourant les cous errants et hystériques
Grésillement irrépressible frénétique
Au fond du puis des morts-vivants
Faibles ondes de mauvaise augure
Qui s’élèvent à peine de la cité obscure
Danse vaine des pensées absentes
Cassée laide et qui se répète
Univers défait dans un ciel en sang
Sous un soleil de cire triste blême muet
Échafaudage purulent puant immobile et vide
Totalement vide sinistre
Dans l’air glacé sans vent sans idées
Comme un cadavre cynique pourri et effrayant
Unique vestige restant dans l’espace raréfié
Triomphant comme un pauvre sénile égaré
De l’immense catastrophe étalée
Désespérante et désespérée
De la triste tentative humiliante déjà oubliée
Oubliée dans la mémoire qui a été détruite désintégrée…
Camisole
Par Cécile Montier le samedi, janvier 5 1991, 17:16
Camisole, je m’efforce…
Au secours ! la drogue cachée me rend folle
Source de vie m’est privée
Camée je m’isole
Sitôt dit, sitôt fait, je m’empoisonne et alors !
Hors là, hors de moi ! la passion traquée me déchire
Tandis que je me déchiquette, la vie dehors s’étire
Elle se tire, de tout lieu de tout dire
Le désordre empire
Au son de Beethoven j’expire, heureusement,
La musique est là pour guider le délire
Délit de l’âme, délit des actes
Au nom des lois je vocifère !
Que dis-je ! je ne suis rien mais vraiment rien
Je me tiens là. Je participe au tirage au sort
Sornettes et sortilèges de toutes sortes
On m’a bien eue et on m’aura encore de nombreuses fois
Mais je suis là. Ma langue boiteuse et médicamenteuse
S’esclaffe et s’exclame
Rendez-moi mon âme et la vie à mes semblables !