Journal d'une ménagère zébrée

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

vendredi, décembre 22 2000

Epoque en toc

Dans une époque en toc
en des temps sans détente
teintée de rêves éteints
et de raves ouvertes
la face effarée
sous un fard allumé
l'artifice-défi
s'édifie sans défaut
la faux fauche facile
les sans-fond qui s'effacent
et la Défense fonce
défoulant la défonce
ah ! les fous les fils
et les filles foulant le vent
et soulevant les devants divins
des veaux du soir
des fêtes et du vin
buvons buvoir
l'esprit et l'espoir
car les poires se plient
sous le poids et l'emprise
des prix qui broient
et des proies qui se brisent
sans cris sans croix
sans bannière et sans bois
sans écrits sans y croire
creusons les déboires
de brutes débiles
au débit indécis
indécent et sans sens
qui signe et sème
l'essence et le sang
en sang ensemble
semblons s'en sortir
en sort et en tirs
en tords ressortissants
oh ! le temps d'attente
et l'atteinte à l'entente
tant d'attentats
et de têtes tentées
d'élites en délit
et de faits dans les lits
des lieux s'éditent
des dieux se délitent
et les deux se désistent
les dires se vident
et le vide persiste
dans une époque en toc
en des temps sans détente
la vie vibre grise
sous le sommeil de maudits…

.......... Version sonore sur YOUTUBE ..........

mercredi, décembre 29 1999

Un homme à terre

Un homme à terre !
Je crie à l’appel de sa plainte
Je crie à la peine sans feinte
Qui le tenaille depuis l’aube éternelle
Un homme isolé sur sa peine
Qui tire le monde
Comme une chaîne enraillée
Un être sans honte debout
Dans le sommeil étoilé
Comment peut-il vivre
Sans tomber dans la mer de l’oubli
Comment peut-il tomber
Sans s’arrêter pourtant de vivre
Sans savoir où va l’emmener
Sa peine injustifiée
Un homme à la fenêtre
Un homme à la fenêtre
De sa pensée sans objet
Va-t-il s’y jeter
Par dépit de vérité
Un homme sans rêve
Un homme sans rêve
Car le rêve ne fait pas être
Peut-il continuer ainsi à espérer
Sans toucher jamais à la réalité
D’un simple rêve
… un homme grandit dans l’univers
Sans savoir jamais s’il a été
Ou s’il sera un être comblé…

mercredi, décembre 16 1992

Orgie

Époque stationnaire et saturée
L’ère frigidaire démesurée
S’est propagée à l’échelle planétaire

Apparition du grand vide dominateur
Le tortionnaire Aspirateur à l’ambition acide
Absorbe toute chaleur et douceur de la vie
Pour ne laisser que la rancœur des cœurs livides

Dictature féroce et invincible
Des presse-purée au service de la folie
La folie inquiétante et impalpable
D’un système digestif mis en tête de liste

Royaume écœurant et imprécis
Où les êtres et adjectifs sont esclaves des appétits
Stagnant dans des bains d’huile ou d’avarice
Tantôt engloutis par la froide ignorance
Ou rejetés par la brûlante bile

Aveuglante cime des ventres arrondis
Les montagnes fétides et indiscernables
Retiennent l’âme et l’esprit dans le piège
Et en leur panse et leurs pensées sacrilèges
Elles menacent de tout démolir

Les êtres sont prisonniers des glaces cupides
Montées comme d’immenses entremets sordides
Imprégnées de suc de vice et de rêves sabotés
L’humanité coule comme une crème fouettée
Et s’apprête à disparaître en une bouche tourmentée…  

Bouffonnerie

Déguisée la science se plante
Sur le bord du théâtre délabré
Comme une fleur artificielle
Qui attendrait de grandir

Cousue d’ancienne amertume
Et de fibre sans valeur
Contre mauvaise fortune
La religion, elle, fait bons pleurs

A défaut d’être reine d’aimer
Et savoir protéger la vie
Elle déballe son sac d’orgueil
Et de faux sacrifices

Entre tous ses malheurs
Le monde est ainsi en deuil
D’une compagne attentive
Qui saurait lui offrir l’accueil
Et le bonheur de reprendre vie …

mardi, décembre 15 1992

Dégraissage

Au seuil de la modernité
sous l’immense chaîne
des astres maudits
j’empile les désastres
des assiettes vidées par le vice
et remplies de grâce mauvaise

le monde peuple le vide
d’une âme désertée
vendangée puis vidangée
et laissée sale
aux mains de l’oubli
les raisins de sa divine colère
s’annonceront d’ailleurs bien amers

l’air pur s’est frigidifié
dans le frigo des appétits impurs
la vie ressemble à une tranche 
de gigot que l’on s’arrache
à coup de dents aiguisées
et de vestes imbues
entre gens imbuvables

lundi, décembre 14 1992

Complainte

La tête comme un livre
Les pieds sur le sol vide
Je nage entre deux eaux
Cherche le chemin libre

Où est le paradis
Difficile à décrire
Peut-on vivre facile
En bohème indécis

La vie est une crème
Qui coule en artifice
A défaut d’une trêve
On achève ses fils

Oh, vice de l’emblème
Qui crie ta couleur blême
Je voudrais te voir riche
Pour pouvoir te maudire !

Où est passée la vie
Je croyais la tenir
Mais non elle est partie
Fidèle à son caprice

Car ainsi qu’un soleil
Alla apparaît sans bruits
Fait éclater merveilles
Puis disparaît subit

Ouvert est donc l’abîme
Sans qui ne saurait plaire
La vie est un mystère
Un infini défi…

vendredi, janvier 10 1992

Mauvais rêve

La fièvre se liquéfie
Fumée tiède de l’ennui
Le rire blême se replie
Triste rêve à la dérive
Tous les sommeils se réunissent
Densités pleines qui s’inclinent
L’aveu se traîne sans s’accomplir
Les jeux s’enchaînent sans désir
Fini l’éveil et le plaisir
Les couchers de soleils referment leur vie
Les bleu du ciel s’enlèvent et se salissent
Nuages amers de la rengaine
Les amitiés s’achèvent et s’enlaidissent
Buée de colère et d’artifice
Les douceurs fragiles sont souillées
La candeur créatrice est refoulée
Tendresse et chaleur oubliées
Caresse du cœur abîmée
Adieu l’ivresse adieu les pleurs
On a tué la noblesse du bonheur
Piétiné toutes les splendeurs…

dimanche, janvier 5 1992

Névrose

Eau de peau
Couleur de viscose
Imbrication à tout étage
Des différentes névroses
Structure en travers l’espace
Qui entraîne les âmes
Ligote les choses
Tremblement infâme qui s’impose
Dérange le repos
Mélange les mots
Frisson nerveux qui trouble
Le reflet calme de l’aube
L’ombre mauvais s’avance
A petites doses
Danse infernale et perpétuelle
Encore secrète
Au bord du gouffre sombre
Annonciatrice de la défaite
Du gigantesque tourbillon glouton
Qui guette et attend
L’abandon total et irréversible
du monde…

Voracité

Le fruit désiré
Est celui sortant du ventre
Le fruit de la vache
Le fruit de la poule
Le fruit de l’âme
Oh, vienne que je te cueille
Comme une fleur sacrificielle
Baignant dans la stupeur auréolée
Ma bouche riante béante et dévorante 
	 Attend
D’ensevelir tout fruit possible
Le destin n’attend pas
Le festin se prépare 
Les intestins réclament
Les esprits ont faim …

Nöel

Putréfaction ordonnée
Dans le grand ordinateur effronté
La machine sale à l’humeur agressive
	 aux abois régressifs
Glissement évasé
	 dans la ville froide ménagée
En silence en vacance
Comme dans un dessin animé
Les guirlandes à l’huile
Brillantes de sang maquillé
Coulent entre les doigts tous gonflés
Les yeux des pleurs s’égarent
Hagards dans le vide-ordure débordé
Sueur fade dans la nuit sans divine
Les loups du vide hurlent leur acide
Au tournant du visage qui
Lentement déjà s’effrite 
L’éventré du regard est assis dans l’oubli
Délaissé dans sa bulle maladive
Refoulé dans son secret trop terrible
		        Cris poids plumes
… les mots ne savent plus quoi dire 

Nausée

Miroir en eau de rose
Gélifiant pâle et métamorphose
Couleur de grimace et de saccharose
Les yeux se parent d’un rideau de peau

Défilé hagard sur un jeu de poses
Dédoublement gras sous un ciel guimauve
Face à face lâche derrière l’âme close
Les couleurs d’enrobage crachent leur cirrhose

Névrotique espace où l’élan se sclérose
Les rêves se figent comme du sucre glace
Les pensées éclatent en paillettes voraces
Cristallisation acide dans le creux des choses

La vie fond comme une friandise
Mélasse insipide d'écœurantes envies
Bien vomitif où stagnent les tristes désirs
Bouillie décomposée de réalités qui pourrissent
Le monde blasé rumine la nausée de l’ennui…

samedi, janvier 5 1991

Marécage

Les pieds dans le fleuve noir immonde
Et l’âme comme une toile d’araignée
Qu’avons-nous pour redécouvrir le monde
Nous avons les mots cloisonnés
Dans la ronde de tous les jours
Et quelques regards jetés vers le passé
Un profond silence sur les pays éloignés
Et l’espoir emmuré dans une immense tour
Qu’avons-nous pour redécouvrir le monde
Un long séjour dans une existence sans réponse
Une défonce, lente, vers les questions plus intenses
Nos morts retiennent notre amour
Et l’amour, lui, n’attend plus que la mort
Pour espérer son retour…
Qu’avons-nous pour redécouvrir le monde ?

Le cloaque

Eh, holà, halte !
Halte là devant moi !
Han ! J’avance m’élance dans le froid cirage
Aie ! Projetée malgré moi dans ce cloaque infernal
Eau trouble eau vaste néfaste
Mélange intense des tumeurs en suspens
Enlacement lâche dans le mauvais sens
Mort qui attend l’étreinte du vivant
Liquide dangereux acide dérangeant
La volumineuse substance emphatique fatidique
Engorge l’espace l’étouffe l’étrangle
Atmosphère perverse étrange gluante
La mauvaise espèce impatiente criante
Masse lugubre hurlante dans le silence
Toile inquiète se défaisant se refaisant déconcertante
Fils électriques qui titillent et distillent la bile
Palpant entourant les cous errants et hystériques
Grésillement irrépressible frénétique
Au fond du puis des morts-vivants
Faibles ondes de mauvaise augure
Qui s’élèvent à peine de la cité obscure
Danse vaine des pensées absentes
Cassée laide et qui se répète
Univers défait dans un ciel en sang
Sous un soleil de cire triste blême muet
Échafaudage purulent puant immobile et vide
Totalement vide sinistre
Dans l’air glacé sans vent sans idées
Comme un cadavre cynique pourri et effrayant
Unique vestige restant dans l’espace raréfié
Triomphant comme un pauvre sénile égaré
De l’immense catastrophe étalée
Désespérante et désespérée
De la triste tentative humiliante déjà oubliée
Oubliée dans la mémoire qui a été détruite désintégrée…

Camisole

Camisole, je m’efforce…
Au secours ! la drogue cachée me rend folle
Source de vie m’est privée
Camée je m’isole
Sitôt dit, sitôt fait, je m’empoisonne et alors !
Hors là, hors de moi ! la passion traquée me déchire
Tandis que je me déchiquette, la vie dehors s’étire
Elle se tire, de tout lieu de tout dire
Le désordre empire
Au son de Beethoven j’expire, heureusement,
La musique est là pour guider le délire
Délit de l’âme, délit des actes
Au nom des lois je vocifère !
Que dis-je ! je ne suis rien mais vraiment rien
Je me tiens là. Je participe au tirage au sort
Sornettes et sortilèges de toutes sortes
On m’a bien eue et on m’aura encore de nombreuses fois
Mais je suis là. Ma langue boiteuse et médicamenteuse
S’esclaffe et s’exclame
Rendez-moi mon âme et la vie à mes semblables !