L’écriture est un paradoxe
Elle dit ce qu’elle n’est pas
Et ne dit pas ce qu’elle est
Elle s’affirme pour s’autodétruire
Et doit s’autodétruire
Pour véritablement s’affirmer
Ce qu’elle veut dire
Elle n’ose le croire
Et ce qu’elle croit
Elle ne peut le dire
C’est la raison pour laquelle 
Elle existe
Faite comme l’homme
Son essence même est le paradoxe
Miroir de vestige
Miroir d’un vertige
Elle renvoie l’image propre
	De l’homme
L’homme projette dans l’écriture
Son incapacité physique
La blessure corporelle
D’être et ne pas être en même temps
De savoir et ne pas savoir qui il est
L’écriture est la distance
Qu’il s’accorde pour mieux s’apercevoir
	     Ou mieux se fuir
Par cette arme à double tranchant
Il a le pouvoir
De remonter le temps ou le défaire
Etait-il avant le temps
Ou le temps était-il avant lui ?
Sans aucun doute
L’écriture rythme sa florescence
		Ou sa dégénérescence
Chaque seconde se fait le mot
Qui ouvre le monde ou le clôt
Et chaque mot féconde ainsi
L’esprit ou le détruit
Cependant l’immense fatigue
Ne saurait tarder à se faire sentir
Dans ce balancement perpétuel
Du vide vers la vie
Entre l’être et le non-être
Paradoxe de l’homme
Et paradoxe même de l’écriture …