L’écriture est un paradoxe Elle dit ce qu’elle n’est pas Et ne dit pas ce qu’elle est Elle s’affirme pour s’autodétruire Et doit s’autodétruire Pour véritablement s’affirmer Ce qu’elle veut dire Elle n’ose le croire Et ce qu’elle croit Elle ne peut le dire C’est la raison pour laquelle Elle existe Faite comme l’homme Son essence même est le paradoxe Miroir de vestige Miroir d’un vertige Elle renvoie l’image propre De l’homme L’homme projette dans l’écriture Son incapacité physique La blessure corporelle D’être et ne pas être en même temps De savoir et ne pas savoir qui il est L’écriture est la distance Qu’il s’accorde pour mieux s’apercevoir Ou mieux se fuir Par cette arme à double tranchant Il a le pouvoir De remonter le temps ou le défaire Etait-il avant le temps Ou le temps était-il avant lui ? Sans aucun doute L’écriture rythme sa florescence Ou sa dégénérescence Chaque seconde se fait le mot Qui ouvre le monde ou le clôt Et chaque mot féconde ainsi L’esprit ou le détruit Cependant l’immense fatigue Ne saurait tarder à se faire sentir Dans ce balancement perpétuel Du vide vers la vie Entre l’être et le non-être Paradoxe de l’homme Et paradoxe même de l’écriture …
Poèmes en prose
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dimanche, décembre 31 1995
Paradoxe
Par Cécile Montier le dimanche, décembre 31 1995, 14:15