Journal d'une ménagère zébrée

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

samedi, février 9 2019

Du Haut Potentiel à la Philo-cognition : Vers un nouveau modèle de l’intelligence

Conférence donnée par l'AFEP du Rhône le 9 février 2019

NB : Notes personnelles, rédigées de manière synthétique (et donc non exhaustives).

1 - Fanny Nusbaum, Docteur en psychologie, Présidente du centre PSYRENE. (partie 1)

Livre : Les Philo-cognitifs : « Ils n’aiment que penser, et penser autrement » (Ed. Odile Jacob)

En bref : Qu’est-ce que l’intelligence ?

Capacité à :
- Processus conscient : Comprendre / raisonner Apprendre / connaître / Mettre en lien
- Processus inconscient : S’adapter / "performer"

Différents modèles ont été proposés, en voici quelques uns :

Modèle 1 :
Une seule intelligence, le Facteur G : l’intelligence supérieure = raisonnement supérieur (voir l’échelle de Wechsler)

Modèles 2 :
+ Pionnier canadien de la douance, actuellement en retraite active, le Professeur Françoys Gagné est l’un des créateur du terme Douance né au Québec en 1980.Dans son modèle, il y a deux groupes de catalyseurs :

- Les catalyseurs intra-personnels, caractéristiques de la personnalité, qui sont la motivation, les intérêts, les besoins, la volonté, etc.

- Les catalyseurs environnementaux, autour de la personne, tels que les parents, les structures sociales, etc,

+ Le modèle de Sternberg (1985-2003) : 3 formes d’intelligence, respectivement : l’intelligence analytique, l’intelligence pratique et l’intelligence créative.

Depuis, on associe l’intelligence aux interactions cognitives : tout ce qui prépare à l’action, à l’adaptation, etc,

Pour plus d'infos sur les intelligences : ici sur Wikipédia

les différents termes associés à la notion de douance : Le premier était celui de « surdoué »… mais de quoi ? Puis la précocité, qui a été associé à des enfants en avance, mais qu’en est-il des adultes. Est venu ensuite le terme de Haut Potentiel. Et puis zèbre, en faisant allusion à cet animal pas-comme-les-autres, et difficilement domesticable. Et difficilement utilisable par les scientifiques. Et le dernier terme : la philo-cognition.

LA PHILO-COGNITION :

Il évoque la capacité à penser de manière globale. Il ne parle pas de supériorité, mais de différence.

Investissement de la pensée :

Hyper-spéculation 
Le plus visible. Besoin de penser, d’extrapoler

Hyper-acuité
Dimension sensorielle : la personne est gênée par les stimulations sensorielles. En lien également : l’hypersensibilité émotionnelle.

Hyper-latence
Par association à ce que l’on appelle le stade de latence (à partir de 7 ans jusqu’à l’adolescence, l’enfant se met « en jachère »). Mode « réseau par défaut » : la pensée part dans tous les sens.

Hyper-spéculation
  => réseau exécutif - réflexion - extrapolation - contrôle - arborescence consciente

Hyper-acuité
=> réseau de la saillance - émotions - sens - proprioception

Hyper-latence
=> réseau par défaut - mémoire épisodique - stimulation mentale - projection alternative - arborescence inconsciente De ces caractéristiques, se distinguent deux profils : complexe, ou laminaire

Le Philo-complexe :

Il est motivé, sympathique, créatif, a plein d’idées. Mais il est peu/pas adapté. Animal emblème : le ouistiti, car il est autant attachant qu’irritant. Il a confiance, mais manque d’estime en soi : il parvient facilement à s’imposer en groupe. N’aime pas les implicites. Il possède plus de connectivité hémisphère gauche : De ce fait, il est un interpréteur. Il a un langage intérieur très riche et très autonome. Il va essayer d’éprouver et de valider son modèle interne dans le monde extérieur. Profil souvent présent dans les métiers de communication, direction. Il n’aime pas les hiérarchies, et aime avoir raison.

Le philo-laminaire :

Animal emblème : l’ours car il est tout terrain. Très adapté, il se sent un peu partout chez lui. Il a une énergie plutôt calme et paisible. C’est quelqu’un qui est dans la suggestion, et n’aime pas être dans la lumière. Très empathique, il sait capter les attentes se son environnement. A l’inverse du complexe, il aurait tendance à manquer de confiance – mais pas d’estime – en lui. S’il n’aime pas une émotion, il va la transférer en sensation.

Plus de connectivité hémisphère droit. De ce fait, il est plutôt un explorateur. Si l’extérieur ne valide pas son hypothèse, il peut en changer. Il aime les relations complémentaires. Il sait comment parler et à qui. Contrairement au complexe, il apprécie la suggestion. Et son langage s’établit avec un focus sur l’autre (adepte du consensus). Et sa devise serait qu’il ne faut pas forcer la main. Également, il comprend les règles du système. S’il dit peut-être, en général c’est non.

Chaque philo-cognitif détiens un peu des deux composantes.

L’ultra-cognition :
Les talentueux : Les grands intellectuels , musiciens, ou grands sportifs, etc.

Les studieux : Ceux qui sont très bon dans une spécificité (ex, les chercheurs)

Les Supra-cognitifs : Philo-cognitifs + ultra-cognitifs.


2 - Olivier REVOL, Pédopsychiatre, Directeur Centre référent troubles des apprentissages au CHU Lyon. (partie 3)

Le Syndrome de Schopenhauer, selon Didier Bourgeois (l’info Psychiatrique, 2016) : il concerne des adultes qui ne sont ni mélancoliques, ni psychotiques, ni bipolaires. Mais qui possèdent des « singularités qui deviennent des façons d’être au monde, et qui compliquant l’existence ». Ces adultes là, auraient besoin d’une prise en charge psychothérapeutique, ET philosophique.

Pour en revenir à la douance : En anglais, être doué se dit « gifted ». Ce n’est pas parce qu’on a un don, qu’on va avoir du talent…

Concernant les deux profils du philo-cognitif : Si l’on prend comme image de comparaison l’escalade : les complexes sont ceux qui découvrent. Quant aux laminaires, ils couvrent les arrières.

S’il y a bien une chose que le deux profils ont en commun : l’empathie.

Le complexe :
Il est davantage à découvrir, et trouver des choses. Mais à l’inverse du laminaire, il a du mal à s’adapter, et souffre souvent de débordements émotionnels. Il comprend les émotions des autres, mais ne sait pas gérer les siennes.

Le laminaire :
On pourrait dire de lui qu’il est un vrai « couteau-Suisse », mais également un sous-marin : rien ne rentre, rien ne sort. Il est un expert de la métacognition : il adore comprendre, mais éprouve de la difficulté à accepter de lâcher-prise et se laisser guider. Quant il ne va pas bien, c’est le corps qui (se) manifeste : il somatise. De ce fait, il a souvent besoin de thérapies corporelles. Les HP en général ont un idéal qu’ils placent très haut. Le laminaire lui, un peu moins. Il a par contre les sens très développés, et il est souvent très sensible aux bruits. Fréquemment d’ailleurs, il a du mal à supporter les bruits de bouche. A l’inverse du complexe, il arrive à contenir ses propres émotions, mais aura du mal à les comprendre.

Conseils : croire en soi, ne jamais lâcher. « If you get tired learn to rest, not to quit ». S’inspirer des 4 Accords Toltèques (en résumé : 1 : Avec toujours une parole impeccable, 2 : d’un problème ne pas en faire une affaire personnelle, 3 : ne pas faire de suppositions, 4 : faire toujours de son mieux.

Les philo-cognitifs : de par leurs qualités et leur altruisme, on pourrait les considérer comme les « sentinelles de notre société ».

samedi, novembre 24 2018

Les femmes à haut potentiel - Conférence AFEP

Il s'agit d'une conférence qui a été donné par l'AFEP Rhône. Elle a eu lieu à Bron, à l'Hôpital Pierre Wertheimer. J'ai eu l'opportunité de pouvoir y assister, j'en ai pris quelques notes personnelles (et donc non exhaustives), que je vais partager ici.

« Le Haut Potentiel intellectuel, conjugué au féminin. De la fille à la femme, les spécificités ».

Dès l’enfance

Dans notre société patriarcale, le parcours scolaire des garçons a été jusqu’à présent davantage valorisé. Aussi, la sur-douance des filles est moins facilement détectée. Surtout dans une fratrie, où une fille surdouée arriverait après l’aîné !

D’après des statistiques, à partir de 7 ans les filles douées se mettent en retrait. A l’adolescence l’espoir de réussite diminue, et celui de blocage augmente. Elles créent des « barrières intimes » : évitement (en composant un personnage), peur de l’échec, besoin de contrôle, crainte du succès, perfectionnisme, « faux self » (Winnicott, 1979).

A l’âge adulte

D’une manière très générale, ce qui caractérise une personne douée c’est une grande intelligence mentale, et/ou émotionnelle : Le cerveau est la plupart du temps en suractivité, et les sens particulièrement développés. D’où une manière d’être et de « fonctionner » qui se révèle souvent à part, et une grande difficulté à trouver place dans un cadre normatif (professionnel et social).

Les gens doués reçoivent souvent un faux diagnostic de bipolaires, dépressifs, ou psychotiques. Lorsqu’ils subissent ce que l’on appelle une « bouffée délirante », cela peut être une stratégie d’autoprotection, un peu comme un disjoncteur. Ils ont d’ailleurs besoin d’une armure pour se protéger. Pour les femmes ce sera le maquillage, voire la tenue vestimentaire.

D’une manière générale, la femme douée ne se considère pas douée. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, elle manque plutôt de confiance en elle, est souvent incertaine de son image. D’autre part, elle a besoin de se lancer des défis : se mettre en situation, sortir de la zone de confort, développer de nouvelles stratégies, etc. De par sa sensibilité, la plupart du temps elle possède un, voire plusieurs dons artistiques. Étant particulièrement sensible à la notion de justice, voire de grandes causes, elle se battra toujours pour quelque chose. Mais son propre chemin lui semble toujours incertain, et il suffit d’un choc émotionnel (séparation, etc.), pour qu’elle défaille...

Au travail les femmes douées sont perfectionnistes, et ont parfois l’impression qu’elles doivent faire leurs preuves. Et parce qu’elles ont de la facilité à faire les choses, elles ont très souvent un sentiment d’imposture. Cela crée une sensation de décalage, de porte-à-faux, qui les fatigue beaucoup. Parce que des personnes sont intelligentes, on pense communément qu’on peut plus aisément les « attaquer » : une plus grande exigence, remise en cause d’un positionnement au travail, etc,

Pour peu qu’elle soit également belle, la femme douée va se sentir d’autant moins comprise qu’on va souvent lui dire qu’elle a « tout pour elle ». Et qu’elle devrait s’estimer chanceuse, et heureuse. Étant empathique, elle a souvent le désir de faire plaisir (en faisant des cadeaux). Et se soucie beaucoup d’autrui. Parce qu’elles ont bon cœur et sont généralement romantiques, les femmes douées se font souvent « avoir ». Elles sont pour ainsi dire des victimes toutes désignées, à tomber dans les griffes de pervers narcissiques.

La femme douée se sent en cohérence avec elle-même. Mais on retrouve une inadéquation entre ce qu’elle vit et ce qu’elle ressent : elle ne peut pas être comprise… De ce fait elle a souvent le sentiment de nager à contre-courant, et s’y épuise.

Et au niveau relationnel… : même un homme amoureux ne peut comprendre. Ce qui peut vraiment aider, c’est de pouvoir développer une amitié avec une personne avec une personne qui soit pareille. Les blogs sur internet ou aussi les réseaux sociaux, peuvent aider à trouver des amitiés.

Et après ? Bonne nouvelle : à la soixantaine, la qualité de vie des gens doués devient meilleure !