Journal d'une ménagère zébrée

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Poèmes en prose › - incandescence

incandescence

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lundi, mai 23 2016

Sous l'écorce

Comme l'on confierait ses secrets au creux de l'arbre
retenir les mots et les pensées tout au fond du cœur
et s'approcher tout en douceur jusqu'à se toucher
et se tenir se tenir fort enlacés les bras comme des branches
accrochant le souffle et les émois et sous l'écorce
si rude pourtant sentir que palpite encore
un peu de lumière un peu d'énergie la vie
encore qui ne demande qu'à s'épanouir
alors se concentrer de tout son cœur, son âme
pour faire passer tout ce qui au creux de l'être
vibre encore inspire expire exhale le désir
et avec tout ce qui ne peut se dire
deux corps en une même larme,
un même état d'esprit
et quand-bien même si l'indifférence
le doute ce qui brûle ou déchire
empêche deux corps de se réunir
il y a toujours toujours
quelque part dans le noir de l'âme démise
un peu de lumière qui brille et peut réchauffer
et faire se lever non plus le corps de la pensée
mais la pensée du corps et du cœur qui peut aimer
alors tout reste possible
tout reste possible qui peut se recréer...

vendredi, juillet 1 2005

Retraite

Je m’enfoncerai dans la terre
S’il le faut
Pour te rencontrer
Je m’enfoncerai dans la chair
De mon corps déjà défait
Repartant en arrière
Sur le chemin de traverse
A travers les forêts sombres
D’un passé sans fenêtre
Je remonterai le couloir
Du temps à l’envers
Jusqu’à ce pays gelé
Où vivent les astres fatigués
Suspendus dans le geste
Qui les a condamnés
En un paysage inaccessible
Sans un bruit sans une pensée
Je me laisserai couler
En une larme infinie
Et franchirai ainsi l’immobile
Pour te retrouver
Je me ferai lanterne
Dans la nuit
De ton âme figée
Pour rallumer la fragile étincelle
Cachée dans le noir de tes pensées
Je descendrai encore un peu
Au fond de l’abîme
Là où règne le néant accompli
Jusqu’à toucher la pointe de ton cœur
Alors tout doucement
De mes mains recueillies en porte-bonheur
Je déposerai un peu de ma lumière
Comme une infime graine isolée
Et puis je m’effacerai et repartirai
Retrouver ma vie et mon amour
Que j’espère un jour voir fleurir…

.......... Version sonore sur YOUTUBE ..........


mercredi, mai 18 2005

Quelque part

Cela se passe
Quelque part
Entre le corps et le regard
Ni ici, ni là
Pas encore et peut-être en retard
Une pensée, un paysage
Le vent qui voyage
Cela peut être le monde en place
Entre les mains qui cherchent
Et le cœur qui réclame
Une caresse plane
Ni ici, ni là
Pas encore et peut-être en retard
Une émotion qui se rêve d’être Entière au centre de l’âme
Ni pour l’un, ni pour l’autre
Une vérité secrète
Qui attend au cœur de l’être
Suspendue à travers l’univers
Ni ici, ni là
Pas encore mais peut-être…
Reliant la pensée au paysage
Un sentiment qui se voyage
Et le monde se recrée
En place
Entre deux mains qui se rejoignent
Une caresse qui enlace et libère
Le cœur planant au centre de l’âme
Ni ici, ni là
Ni avant, ni après
Mais partout en même temps
L’Amour absolu …

vendredi, mai 13 2005

Emprise

Quand j’aurai lâché prise
J’écrirai les mots qui tissent
La trame de l’âme
Cachée dans la matière volubile

Le corps est un arrêté
De la pensée sensible
Figée dans l’élan éternel
Qui lance la danse de la vie

Les sentiments se croisent en une bise
Qui pousse le monde à l’infini
Tant de rêves et de désirs
Sillonnent le sol indécis

Quand j’aurai lâché prise
Et retrouvé le courage d’aimer
Je t’écrirai les mots qui déshabillent
Mon âme cachée sous ton emprise …

vendredi, décembre 1 2000

Désir

Une phrase
                  un regard
un éclair
et puis trop tard
                un éclair
et l'univers se casse
                un être
et deux nerfs se rejoignent
                deux nerfs
de colère et de peur
brûlent de se connaître
à bras ouverts
à corps découverts
et la peau se prend
et le sang se déverse
deux nerfs
deux corps
deux cris
se renversent encore
                    encore
à l'arrière de la tête
en trait fulgurant
qui blesse le temps
deux segments d'un même rêve
                         se joignent
                         se brûlent
                         et puis se brisent
dans la glace originelle
car le feu ne peut toucher le feu
et la glace le froid
le temps se déprend
le nerf se resserre
            un regard
un mystère
le temps qui s'émiette
            un regard
et dedans un mot qui s'élève…

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mercredi, décembre 8 1999

Dernier regard

En dedans de soi : l’adieu
Par le regard s’accroche le dernier souvenir
Par le dernier regard s’en vont tous les souvenirs
Le sourire.
Un sourire a été accordé
Un sourire
Comme une grâce dévoilée
Une grâce donnée
Et peut-être partagée
Le silence s’est peuplé
Un univers entier s’est reformé
Sous mes propres yeux
Mon simple rêve
Ou mon propre vide qui aspire au rêve
Par tant d’absence
	 Et de souffrance qui s’éternise
Cette grâce m’a offert le pouvoir
Suprême de renaître à l’instant
	   de rependre vie
Même par un regard qui se méconnaît
Même devant le miroir ingrat
De la solitude qui règne
En devise absolue
En dedans de soi : l’adieu
En dehors : le silence l’abstinence
S’astreindre de dire ou reconnaître
Connaître …
Essayer d’apercevoir ce qui brille
Si fort quelque part
Dans le noir des choses qui se méprisent
Et le mépris est la faille qui brise
Un être un regard un désir …
Désir de communiquer avec ce que l’on aime
Avec ce que l’on nomme la vie
	Le moment éternel
	Une émotion pure
Vivre ivre pour être naître
Et encore renaître par la fenêtre
D’un regard qui s’échappe
Et se déverse hors de lui-même
Et me renverse en moi-même
    me renverse en-deça
Juste l’instant d’une mégarde
	   l’instant d’un soupir
	cet instant
Revêt toute la force possible
	La magie
Qui concentre les choses les gens le temps
En un monde clôt parfait inaccessible
Toute philosophie pourrait mourir
Et la science la pensée les désirs
Par un regard seulement
La beauté de la vie s’est révélée
Toute entière je suis à genoux
Devant ce qui m’a été offert
A genoux je suis devant ce qui reste
	ou ne reste déjà plus
Un regard
Un rêve
Un souvenir
Quelque chose qui a été
	Qui n’est déjà plus
			Un adieu…

mercredi, décembre 30 1998

Extase

Alchimie d'un regard
	Par le corps
Alchimie du regard
	Dans un corps
Heurté par le hasard
Heurté de la flamme
Tremblante qui s'enflamme
De corps en corps
Dans le brasier d'un regard
Une étincelle
		Invisible
			L'âme
Brûle le paysage
Et transforme la mer en montagne
Et transporte la montagne immobile
Sur une mer instable
Qui s'est éveillée
Les vagues parcourent le corps
Enfoui dans sa profondeur timide
Enfoui dans une extase
Intime qui éclate
En clapotis infime et interminable
Dont l'onde de choc se déporte
Sur les rivages du corps
			En dérive
La pensée s'est absentée
Du silence surgit l'image
D'une inquiétante beauté
			Un visage
Un paysage oublié
Qui s'illumine et s'incruste
En coquillage nacré
Dans la mémoire fascinée
Et les mots magiques
Coulent comme de l'or
Au centre de la chair bouleversée
Se répand en pluie fertile
L'eau du regard transparent
Qui s'est déversée sans le savoir
Au sommet d'une âme désertique…	

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vendredi, décembre 1 1995

Union sacrée

Le corps heurte le cœur
et l'esprit s'éparpille
l'esprit trop grand
s'efface lentement
vers un passé archaïque
ou le temps à venir
à l'encontre de l'instant vérité
l'être s'écarte douloureusement
le vertige se creuse
dans la mémoire avilie
tant d'instants se sont succédés
sans la certitude de ce qui a été
ou peut être encore
si la vie le désire...
le désir lui-même s'échappe
de son contexte dépassé
à la recherche de l'extase
qui s'étire en éternité
l'être humain peut-il être
davantage qu'un assemblage
d'émotions ou de rêves?
l'unité est si précieuse
le trésor caché qui provoque
la quête de toute une humanité
qu'elle soit réelle - ou extraterrestre
et le monde est si petit
quand l'essentiel manque
et l'essentiel n'est fait de chair
ou de simples mots alignés
mais de l'union mystérieuse et sacrée
de deux choses ou deux êtres
car deux êtres se croisent
et croisent leur manque
et croisent leur désir
en une seule et même vérité
qui s'installe en réalité..

Voyage insolite

Voyage insolite
au cœur de l'intime
l'intime tendresse
provoque la douleur
la douleur émotionnelle
cachée dans le vide
par le rite initiatique
elle renverse la douleur
la détresse impudique
d'une vie sans ivresse
voyage insolite
par les mers sensorielles
les repères se détachent
comme des gouttes à la dérive
un par un ils s'enlèvent
et se dévident d'eux-mêmes
tel un tissu inutile
qui s'en irait par un fil
pas à pas recule la barrière frigide
de l'emprise tyrannique
l'être extatique
s'enfonce dans le rêve
voyage insolite
au pays de l'abstrait
le mystère limpide
baigne le ciel
le ciel à l'envers
de l'univers personnel
la matière se défait
comme une étoile liquide
par un coin du secret
à peine soulevé
la pensée traverse
cette toile translucide
paysage anachronique
derrière la paroi
les idées sont arrêtées
figées avant de naître
et la pensée disparaît
au pays du mystère
elle devient indéfinie
quelque chose d'infini
il ne reste d'elle
qu'une infime parcelle
l'unique parcelle d'être
qui voyage insolite
au cœur de l'intime...

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jeudi, janvier 5 1995

Rouge sang

Ancienne reconnaissance
Redeviner
Ou retrouver l’amour
- quel amour fou ?
En couteau sanglant
Vers la plaine d’origine
	  La plaie ultime
Un appel de l’espace …
L’eau vive circule
Dans les regards segmentés
En prise de glace
Ou de fou rire refoulé
Comme autant de gouttes d’univers
Qui racontent à leur façon
Le mystère de ce qui fut
	Ou de ce qui pourrait être
Les visages s’atteignent déteignent
		S’enlèvent
Comme de fébriles courants d’air
Fuyant la peine et le désastre
Le désastre de leur propre vertige
Qu’ils couvent et secouent
	En invisible teigne
Si intangible et fragile scène
La surprise légère s’effraie d’un tel abîme
Le paradoxe sublime laisse perplexe 
Rouge sang je raconte l’indicible 
Indicible émoi ou indicible haine
Tout au fond des trésors engloutis
En chaque roi qui se promène
Sans le savoir sans se connaître
Les âmes se déplacent insouciantes
Et faussement sereines faussement reines
Les corps traînent
En billots laissés à découvert
- cortège indélicat et cruel -
Selon l’humeur de leur propre folie
Rouge noire sang ou incertaine
Et se déchaînent ou s’enchaînent
Prêts à trancher ou disséquer
Toute lueur vagabonde de vie
Sombre hécatombe d’un complexe invisible
Qui dégénère en maladie obsessionnelle
Rouge sang je raconte
Cette funeste oraison
D’une douleur en sursis…

dimanche, janvier 1 1995

Caresse

Un pas dans le sillage
De mon absence
Une main sur le visage
Qui me fait taire silence
Un geste.
La souffrance s’arrête
Par le seul contact
Léger, aveugle et sensuel
Un geste.
Et la folie du monde se calme
Le regard s’apaise
Le regard ?
Il se reconnaît
Et retourne le paysage
Lentement les mots s’espacent
Et se réintègrent
La profonde douceur se rétablit
Comme se rétablit
L’ivresse de ce qui est…

J'écris en vous

J’écris
Parce que je crois
En vous
J’écris
En vous 
Parce que je crois
En vous
En moi
La même flamme
Passe
D’instantané regard
En instantanée ancre
	   instantané phare
Je m’encre en vous
- Est-ce mal ? -
Et la couleur pleure
En gel bleu blasé
Qui s’étale
De mon soleil
Mémoire figée
Sur la surface glacée
Le masque blâme
Tombe
Comme une peau
De cuir
Tannée
Les années passées
Si vite dès maintenant
Et la vie surchauffée
Tombe
En pluie de lumière
En eau bienfaisante
Qui m’assure de sa paix
Grâce à vous
En vous je vais 
	viens
Une même sentinelle
M’entraîne
Sur les liens
Solides du rêve
Et je tiens la bride
Pour survoler
Les courants d’air
	courants de vide
Au courant de rien
L’innocence 
Me sauve
Le mot 
Jubile
La gorge jubile
Tous les sens
L’émoi des mots
L’émotion
En vous
Panne de désespoir
Panne de la peine
M’acclame l’appel
De l’astre
Astre fort
Liesse 
Liane
Pour grimper
Au sommet de la montagne
Solennelle
La montagne me montre
La beauté
Sommeil
De l’astre
Sommeil
Il faut attendre
	 croire
En des neiges incertaines
L’infime étincelle
Tout là-bas
Et rêve
En vous
Et rêve
Et vous 
Attends…

samedi, décembre 4 1993

Offrande

Prends moi
le monde est en moi 
prends en moi 
le monde
je t'offre
une poignée de douleur 
quelques larmes de fleurs 
une pincée de ciel 
un soupçon de mer profonde 
qui m'emporte et me bouleverse 
je voyage sur les sommets 
les plus hauts
et les plus plats 
du langage universel
il  n'est de véritable paysage 
que celui  que 1'on reçoit
			en soi
les fleuves coulent dans mon regard 
et transportent de 1'extérieur à 1'intérieur
		     de 1'intérieur à l'extérieur 
l'émotion en petits tas de sable 
éparpillés ça et là
le grand vent est un admirable sage 
qui  fiance les différents mondes
		     qui  ne se rencontrent pas 
la terre est une œuvre charitable 
où se posent
puis s'épousent les regards 
	d'êtres qui  se cherchent
notre terre 
notre espace 
nos corps 
nos âmes 
je t'aime à travers
1 'amour de la terre ..