Plic plic, toque et toque l’eau froide sur la vitre sinueuse. Floc floc et flaque la peau sombre et sale de la pluie qui rode son haleine caverneuse. Au dehors, comme une vague menace visqueuse. Et murmurent un mur puis deux les quatre frissonnent leur solitude hivernale. Resserrés tout autour, comme un piège qui me cloître. Moi. Au milieu qui tournoie d’une paroi à l’autre.

Un pas vers le fourneau un autre devant l’âtre de la cheminée, magistrale qui flamboie son indifférence au spectacle de la nature. Mon âme lugubrement essorée. Une tasse puis deux. L’un dans l’autre le café, dans l’évier, vite bu oublié. Un geste dérisoire, pour combler le vide qui s’installe. Et avale dévale le café de la gorge, vers le corps faussement rasséréné. Intranquille. Condamné énervé à errer. Valse stupide.

Tic tac le temps s’est figé, enroulé tout autour de son cours et du cou comme une écharpe d’anxiété. Ploc ploc le robinet qui file son compte à rebours... De la cuisine au salon. Et de la cheminée au canapé, je. Cherche la porte de secours, où traverser l’instantané? Clic et clac, me retrouver de l’autre côté. Loin du corps qui ne sait où se poser : au-delà de la vitre désabusée, rien à faire dehors ! Bam, bam, nulle part où ramer, si ce n’est au-dedans de soi.

Fermer la fenêtre, et appeler… « ohé ohé, y a-t-il quelque part quelqu’un qui montrerait le chemin ? » Vers cet ailleurs ensoleillé, je cherche la lumière ! Pale et dépoli, il n’y a que le reflet projeté. A travers le regard qui s’est inversé, et contemple tout cela comme un théâtre grotesque, tant de fois rejoué. Zip zap reprendre le pinceau, et faire jouer sur les ombres un nouveau scénario. Toc, toc : tableau ouvre-toi que je sorte de la scène, et puisse contempler cet acte recomposé. La main sur la page qui se déploie comme une toile éclairée, l’esprit peut à présent venir s’y projeter.

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