Deux yeux tristes derrière la grille
me regardent passer
comme passe le temps figé
depuis son passé pauvre chat errant
enfermé dans son temps parti en fumée
la ferme s’est éteinte en dernier habitant
le chat me regarde presque implorant
planté au milieu de la cour délabrée
et les ronces semblent danser tout autour
des murs fissurés et clapiers condamnés
les vieilles mains ne sont plus
qui ouvraient la grille et la boite à pâtée
éclairant les fenêtres et le pelage du chat
tout seul au milieu de la cour et toujours
qui me regarde sans bouger
comme le gardien d’un phare oublié
et ses yeux fixes m’accompagnent
tandis que je m’éloigne
emportant son vague souvenir
la mémoire chavirée...

Chavire2