Une main se tend
Qui est apparue
Au centre de mon abîme
Une main couleur de nuit
	et d’incertain
Qui me recueille et me tient
Suspendue au-dessus du vide
Et réclame en échange
	de son appui
Que je lui porte les larmes
Versées au sort du hasard
En eau de pluie dispersée
Qui submerge et renverse l’univers
Une main invisible me tient
Qui se fait l’ombre
De ma propre main
Et tandis que je cherche
Le geste qui se tend vers le monde
	Et apaise
L’autre main retient
Et provoque le malaise
Gardienne du secret
Gardienne des excès
La poigne de fer
Tantôt velours sombre
Me maintient
A la frontière extrême
Entre le silence et la parole
La présence et l’abstinence
Le jour et la nuit
Pendant que la vie se déroule
Au dehors provisoire et légère
En mon être sombre
	  comme une cathédrale
La main tisse la toile 
D’un étrange savoir
Survenue d’un vieux sage
Ou peut-être du diable
Et me fait connaître
Le poids de l’âme
Le poids de l’âge de l’âme
Aux côtés d’une illusoire jeunesse
Une apparence insouciante…