Le plaisir suprême
est le plaisir esthétique
du regard posé
sur la chair qui se tait
blême et pathétique
dans le corps du mystère
qui la sert et l'enserre
sous sa forme magique
les viscères se tiennent
et retiennent le sang de l'âme
au centre de la machine
vaine qui alimente le mécanisme infâme
la pensée tourne et s'impatiente
dans le piège inconsistant
de la matière qui l'enferme
loin de son univers
loin de ce qui la fait être
la vie ordonne le désarroi
et la mort l'espoir
qui s'infiltre en dedans
comme une fuite vers l'échappatoire
alors s'entrouvre
la fenêtre ultime de l'âme
par une agonie improvisée
le regard mime la mort
et longe ses penses insolites
et la mort plonge dans le regard
et creuse l'ouverture vers l'impossible
par le fil ténu qui s'étale à l'infini
l'âme voyage et creuse le paysage choisi
autour du regard qui se referme
et d'un corps nouveau qui se regarde
par le plaisir suprême
qui est le plaisir esthétique
du regard posé sur la vie qui se démène...