Journal d'une ménagère zébrée

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samedi, janvier 1 2005

L'être d'une femme

La femme est libérée quand l’homme, après avoir été tyran, se fait « tout petit » face à la femme qu’il reconnaît comme étant mère, mère de tout homme, de tout temps, mère-terre, matrice originelle de la vie.

C’est un peu comme si la femme pouvait se libérer des souffrances causées par l’homme en remontant le temps de l’homme jusqu’à le réintégrer en tant qu’enfant. D’où, d’ailleurs, la signification, l’importance d’intégrer en soi la trinité. Intégrer en soi la trinité permet de réintégrer en soi ce qui a été séparé et a causé souffrances : l’homme, l’enfant, la femme. Ce n’est pas seulement intégrer sa propre divinité en étant homme, femme, enfant, mais aussi celle de l’autre. Réintégrer la trinité de l’autre permet de remonter le cours de la séparation, le cours de la souffrance, le temps. De réintégrer et de pouvoir accepter en prenant en soi et de pouvoir pardonner et se libérer de la souffrance et libérer l’être souffrant en soi ; moi, l’autre, les autres …

Et puis il y a le corps. Le corps n’est pas seulement le réceptacle de la vie, il en est aussi la concrétisation. Tant que l’on « subit » passivement la vie, le corps n’est qu’un réceptacle, le réceptacle encore inconnu de ce que l’on croit « être ». Mais si l’on se pose la question de qui l’on est, qu’est-ce que l’on est, alors on commence petit à petit à entamer le chemin de la réintégration. Réintégration est le mot qui convient puisqu’il s’agit d’intégrer à nouveau ce que l’on a été véritablement avant qu’il y ait séparation, c’est à dire tous les aspects de l’être à travers la symbolique de la trinité.

A l’heure actuelle le corps est devenu une des conséquences issues de la séparation : une entité organique vivante partiellement « habitée », parce que partiellement consciente d’elle-même. Comme le morceau d’une planète après explosion qui serait devenue un astéroïde dérivant loin de sa planète d’origine, ayant oublié sa propre identité. D’ailleurs la planète terre ne serait-elle pas dans cette situation ? Le corps est le réceptacle de notre vie, nous sommes notre corps vivant, mais d’une manière partielle seulement du fait que nous avons oublié notre origine donc notre véritable identité.

La manière dont nous habitons notre corps, dont nous le vivons, est à la mesure de la manière dont nous nous vivons nous-même en tant qu’entité vivante « intelligente » : Plus nous nous réintégrons nous-même dans tous les aspects de notre être véritable, plus nous sommes en mesure d’intégrer également notre corps, de l’incarner véritablement, d’en incarner chaque parcelle, chaque particule, chaque infime élément. L’ADN en est l’élément le plus infime et le plus subtil. Intégrer pleinement son corps revient à pouvoir intégrer jusqu’à l’ADN et à devenir le propre créateur de nous-même, ce que nous étions avant qu’il y ait la séparation. Avant la séparation nous étions à la fois créateur et création. Nous nous sommes séparés de nous-même, libre à nous maintenant de nous réintégrer…

Dans le monde concret ici-bas, la réalité est en vérité inversée : le monde extérieur n’est que la manifestation d’une réalité intérieure « incomplète », c’est à dire non pleinement réalisée, tissée de nos peurs et nos illusions. Il faut donc chercher le véritable extérieur à l’intérieur de soi. Le trouver là où il en est pour chacun d’entre nous et s’employer à le faire évoluer pour ensuite pouvoir le manifester dans le pseudo monde extérieur que l’on peut ainsi contribuer à faire évoluer.

vendredi, décembre 22 2000

Potager

L’homme
Cette plante humaine
Plantée à l’envers
Palpe la terre ombrageuse
De ses doigts en fourmilière
A la recherche de germes d’étoiles
Qu’il a plantés et s’attend
A voir s’illuminer
Et tandis qu’il s’enfonce
Tête la première
Dans le monde moribond
Ses pieds battent de l’aile
Et foulent les cieux
Oublieux des étoiles
Et Dieu qui contemple
Sans y croire
Cet énergumène
De plante plantée à l’envers
Qui retourne et chamboule
Tout le potager de son univers…

Epoque en toc

Dans une époque en toc
en des temps sans détente
teintée de rêves éteints
et de raves ouvertes
la face effarée
sous un fard allumé
l'artifice-défi
s'édifie sans défaut
la faux fauche facile
les sans-fond qui s'effacent
et la Défense fonce
défoulant la défonce
ah ! les fous les fils
et les filles foulant le vent
et soulevant les devants divins
des veaux du soir
des fêtes et du vin
buvons buvoir
l'esprit et l'espoir
car les poires se plient
sous le poids et l'emprise
des prix qui broient
et des proies qui se brisent
sans cris sans croix
sans bannière et sans bois
sans écrits sans y croire
creusons les déboires
de brutes débiles
au débit indécis
indécent et sans sens
qui signe et sème
l'essence et le sang
en sang ensemble
semblons s'en sortir
en sort et en tirs
en tords ressortissants
oh ! le temps d'attente
et l'atteinte à l'entente
tant d'attentats
et de têtes tentées
d'élites en délit
et de faits dans les lits
des lieux s'éditent
des dieux se délitent
et les deux se désistent
les dires se vident
et le vide persiste
dans une époque en toc
en des temps sans détente
la vie vibre grise
sous le sommeil de maudits…

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vendredi, décembre 1 2000

Désir

Une phrase
                  un regard
un éclair
et puis trop tard
                un éclair
et l'univers se casse
                un être
et deux nerfs se rejoignent
                deux nerfs
de colère et de peur
brûlent de se connaître
à bras ouverts
à corps découverts
et la peau se prend
et le sang se déverse
deux nerfs
deux corps
deux cris
se renversent encore
                    encore
à l'arrière de la tête
en trait fulgurant
qui blesse le temps
deux segments d'un même rêve
                         se joignent
                         se brûlent
                         et puis se brisent
dans la glace originelle
car le feu ne peut toucher le feu
et la glace le froid
le temps se déprend
le nerf se resserre
            un regard
un mystère
le temps qui s'émiette
            un regard
et dedans un mot qui s'élève…

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samedi, avril 1 2000

Reflet

Le même visage
Sur le même paysage
Entre deux façades sans face
Je suis
La dimension qui creuse son espace
Et l’espace qui creuse l’espoir
Entre deux visages sans age
La ride creuse l’ironie
Au voyage par hasard
De barrières ouvertes
Comme des bras
Un même visage
Dans un même paysage
Je suis
Le pas de vie
Qui rythme deux rivages
La mer sans repère
A perdu ses clivages
Un même visage
Dans un même paysage
Toujours le même pas lent
Qui lancine sa danse
Enlève
Enlève
Enlève-toi
Sur le seuil latent
Du temps qui n’en finit pas
De semer ses semelles de vent
Même visage
Et même paysage
Le soleil apposé au rêve
Deux lumières qui oscillent en parallèle
Parallèle qui suit une même origine
A la fin du disque
Je serai
Passage après passage
Dans ce paysage sans suite
Doublé de deux mirages
Le visage qui sourit
Au sourire du paysage
Passage après passage
Et revenir sans pouvoir le suivre
Et le langage qui s’efface
Pas à pas
Vers le visage de la folie…

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samedi, janvier 1 2000

Rupture

Le monde se sépare
 le monde se sépare
	de son long mariage
triste sombre
triste tombe
	son âme
	vers le tard
le voile pathétique jeté
sur le visage lisse
qui s’incline
le monde agonise
la fine toile 
	invisible
déjà se tisse
sur les sommets des cimes
	               tranquilles 
et se tend en lac impassible
l’immense surface glace
prend place
entre la terre chagrine
et l’espace indésirable
et le toit du monde
se change en miroir de l’âme
qui enferme d’un côté
le monde obsolète
et tous ses objets qui sommeillent
et tandis que le monde tombe
dans son temps en retrait
	et gestes dociles
de l’autre côté du rêve fatigué
le ciel, toujours le ciel, le même,
absorbe les regrets dans son vertige 
	                   sans limite
et les oiseaux dispersés 
dans leur joie sans limite
emportent les esprits
	qui se sont échappés...

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mercredi, décembre 29 1999

Un homme à terre

Un homme à terre !
Je crie à l’appel de sa plainte
Je crie à la peine sans feinte
Qui le tenaille depuis l’aube éternelle
Un homme isolé sur sa peine
Qui tire le monde
Comme une chaîne enraillée
Un être sans honte debout
Dans le sommeil étoilé
Comment peut-il vivre
Sans tomber dans la mer de l’oubli
Comment peut-il tomber
Sans s’arrêter pourtant de vivre
Sans savoir où va l’emmener
Sa peine injustifiée
Un homme à la fenêtre
Un homme à la fenêtre
De sa pensée sans objet
Va-t-il s’y jeter
Par dépit de vérité
Un homme sans rêve
Un homme sans rêve
Car le rêve ne fait pas être
Peut-il continuer ainsi à espérer
Sans toucher jamais à la réalité
D’un simple rêve
… un homme grandit dans l’univers
Sans savoir jamais s’il a été
Ou s’il sera un être comblé…

mercredi, décembre 8 1999

Dernier regard

En dedans de soi : l’adieu
Par le regard s’accroche le dernier souvenir
Par le dernier regard s’en vont tous les souvenirs
Le sourire.
Un sourire a été accordé
Un sourire
Comme une grâce dévoilée
Une grâce donnée
Et peut-être partagée
Le silence s’est peuplé
Un univers entier s’est reformé
Sous mes propres yeux
Mon simple rêve
Ou mon propre vide qui aspire au rêve
Par tant d’absence
	 Et de souffrance qui s’éternise
Cette grâce m’a offert le pouvoir
Suprême de renaître à l’instant
	   de rependre vie
Même par un regard qui se méconnaît
Même devant le miroir ingrat
De la solitude qui règne
En devise absolue
En dedans de soi : l’adieu
En dehors : le silence l’abstinence
S’astreindre de dire ou reconnaître
Connaître …
Essayer d’apercevoir ce qui brille
Si fort quelque part
Dans le noir des choses qui se méprisent
Et le mépris est la faille qui brise
Un être un regard un désir …
Désir de communiquer avec ce que l’on aime
Avec ce que l’on nomme la vie
	Le moment éternel
	Une émotion pure
Vivre ivre pour être naître
Et encore renaître par la fenêtre
D’un regard qui s’échappe
Et se déverse hors de lui-même
Et me renverse en moi-même
    me renverse en-deça
Juste l’instant d’une mégarde
	   l’instant d’un soupir
	cet instant
Revêt toute la force possible
	La magie
Qui concentre les choses les gens le temps
En un monde clôt parfait inaccessible
Toute philosophie pourrait mourir
Et la science la pensée les désirs
Par un regard seulement
La beauté de la vie s’est révélée
Toute entière je suis à genoux
Devant ce qui m’a été offert
A genoux je suis devant ce qui reste
	ou ne reste déjà plus
Un regard
Un rêve
Un souvenir
Quelque chose qui a été
	Qui n’est déjà plus
			Un adieu…

dimanche, décembre 5 1999

Astre platine

La musique pluie
De graine jubile
Me traîne
Me grave
Sur l’astre platine
Et tourne la surface
Lisse
Les âges condensés
En moments séquences
De vie émouvante
Les univers défilent
Des planètes immobiles
Le temps défend sa danse
– « Oh temps suspens ton envol » –
Envole moi mais
Vers l’espace nostalgique
Plaquée sur une phrase
Émerveillée
Et entière
Entièrement transe
Transpirant
La joie de rêve
Oh tournent les bras
Simplement d’ivresse
Autour du moment
Autour d’autour
En geste d’amour
Le ruban sentiment
Se referme
S’éprend
Autour de lui-même
La puissance émotive
S’élève
D’un simple consentement
A être
Un lâcher prise nonchalant
A être possible
Être possible 
Oui
Mais la musique attend
La muse de l’innocent
Pour le guider
Par les liens de la pensée
La fibre
Qui vibre
La fibre brillante
Comme l’eau de la pluie
De la neige
D’un monde endormi
Sous terre cachette
En partie caché
Dans la musique
Caché dans le rythme
Qui entraîne
Le rythme qui veut dire
Et la mélodie
Forme des images
Paysage sur paysage
Âme après âme
Sur pages à tourner
Et papier à écouter
Bruire
Bruire comme le ruisseau
Discret
Au fond de la vallée
Caché
Au fond du corps
Endormi
En masse immense
Inerte qui soupire
– Sa musique –
Qui soupire en musique 
Muse du désir
Des secrets à dire
–  Plus tard –
Aux fenêtres ouvertes
Sur le fond de la vie
Au bord du son
Qui va s’évadant
Qui s’évase
D’oreille interdite
En cœurs impatients
–  Le cœur de musique –
En écho
     écho
     écho éclatant …

mardi, janvier 5 1999

Yellow dream

In honey I found my dream
It was like a simple life
I walked in the yellow sky
My thinking was a secret cloud.

I liked to eat only some words
words of fruits or flowers
It was a lovely travel
A travel in a smiling world.

The taste was very sweet
As the silence on the sea
Without any bird any boats.
Freedom was drinking...

My own spirit was lost
In the gold of univers
Just staying at the top
Of any human answer
To swim in the yellow sunlight
This magic space of the Christ.

Well, I was not so far of paradise
God likes the simple minds
I had only an honest desire
In honey I found my dream...

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jeudi, décembre 31 1998

Sur un air de Satie

Synthétique
L'air du temps qui  passe
Comme un air de musique
Unique et solitaire
Pathétique
La note de mystère
Qui  passe et ondoie
Au rythme de l'infini
Tournoie dans le ciel livide
Tel un oiseau en détresse
Nostalgique
La mélodie incomplète
Qui  se vide et se répète
Obsédante et maladive
Au creux du visage défait
De la vie incomprise
Le Sourire se fige
Instantané en retrait
Se décomposent les reflets
Comme des couleurs sous la pluie
Les images s’effacent
Lentement sans un pli
Les parcelles de rêve s'échappent
Se désintègrent en fine poussière
Poussière dans la nuit
Des étoiles sans lumière
Les petits univers se perdent
Dans l'espace pathétique
Tels des notes sans repère
Au rythme de l'infini
La mélodie incomplète
Obsédante et maladive
Se vide et se répète
L'air du temps passe
Synthétique
Comme un air de musique
Unique et solitaire...

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mercredi, décembre 30 1998

Extase

Alchimie d'un regard
	Par le corps
Alchimie du regard
	Dans un corps
Heurté par le hasard
Heurté de la flamme
Tremblante qui s'enflamme
De corps en corps
Dans le brasier d'un regard
Une étincelle
		Invisible
			L'âme
Brûle le paysage
Et transforme la mer en montagne
Et transporte la montagne immobile
Sur une mer instable
Qui s'est éveillée
Les vagues parcourent le corps
Enfoui dans sa profondeur timide
Enfoui dans une extase
Intime qui éclate
En clapotis infime et interminable
Dont l'onde de choc se déporte
Sur les rivages du corps
			En dérive
La pensée s'est absentée
Du silence surgit l'image
D'une inquiétante beauté
			Un visage
Un paysage oublié
Qui s'illumine et s'incruste
En coquillage nacré
Dans la mémoire fascinée
Et les mots magiques
Coulent comme de l'or
Au centre de la chair bouleversée
Se répand en pluie fertile
L'eau du regard transparent
Qui s'est déversée sans le savoir
Au sommet d'une âme désertique…	

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samedi, décembre 5 1998

Face à face

Face au visage d’un autre
Face au mirage autre
D’un même visage
L’âme rencontre
Le contrepoison de l’image
Qui la piège et l’acclame
L’antidote de sa folie
La conscience doublée
D’un pareil au même
Et lourde d’un toujours
Même mystère qui s’enfonce
Dans sa propre lumière artificielle
Le tumulte des sentiments
Plonge son tranchant amer
Dans l’office ordonné
Des souvenirs bien rangés
Un à un comme des reliques sacrées
Justifiant une illusion dorée
Et tous les objets secrets
Non formulés dans le couloir
De la poussière originelle
La tempête du silence
Etale ses états d’âme
Dans les rêves les plus reculés
Pas de dessein pas de trêve
Dans une tête obstinée
Et la tête tient tête pendue
Au-dessus du vide de l’absence
Le temps un instant fractionné
Le monde un instant visionné
Mais la respiration reprend
Toujours et latente
Et la mort son attente
Et la vie son atteinte
Au-delà de l’émoi
Le bonheur force la blessure
Qui ne se termine pas
Pourquoi tomber sous le pouvoir
D’une vie qui ne commence pas
Les deux mains mises
Sur l’emprise d’un destin
Le cœur recule
Face à un engagement obscur
Le corps se fige
Comme un fossile insolite
Issu d’une civilisation
Née de sa propre faillite…

mardi, décembre 1 1998

Corps à corps

Un corps était entré dans sa vie. Un corps invisible fait de chair d’ennui et de désir. Elle ne savait pas ce qu’elle allait en faire. Un corps s’imposait entre elle et le réel, avec son espace étrange d’attente et de vie. Un corps si grand et si petit qu’elle ne savait jamais où il était exactement, ni où elle en était elle-même. Comme un second corps, un double, qui jouait avec les mots et le temps. Tantôt très proche, tantôt absent. Tantôt en elle, tantôt autour d’elle, comme une porte, un passage qu’il fallait comprendre, accepter, intégrer pour aller vers autre chose, pour avancer. Ce corps, c’était le sien et en même temps celui d’un autre. Le corps dans sa totalité, entre l’intérieur et l’extérieur, entre présence et absence, entre chair et essence. Le corps d’un être accompli qui n’était pas elle-même ni quelqu’un d’autre, mais elle en devenir à travers l’autre…A travers le temps, ce corps passait revenait et s’en allait comme un messager secret pour la guider.
Tout cela était né des mots. Les mots avaient eu le pouvoir de créer un corps, un corps parfait sans matière évanescente. Un corps fait de désir et d’absence, une nouvelle façon d’être. Il fallait comprendre pour ne pas se perdre. Tout se joue au centre du langage qui s’est dépassé lui-même. Au centre du langage se trouve l’Etre. L’Etre l’avait traversé. Elle l’avait rencontré. Et elle allait le suivre. Par le seul regard des mots. Elle allait plonger dans l’univers abstrait pour prendre corps véritablement. Un autre corps, une seconde peau, spirituelle, flexible. La rencontre de l’esprit et de la matière. Sa propre matière avait rencontré l’esprit autre. Son propre esprit pouvait matérialiser un autre corps, il pouvait remonter le courant des sens pour trouver ce qu’il y a derrière, pour rencontrer un autre corps, une infinité d’autres corps. Au-delà des sens tous les corps se rencontrent…

jeudi, janvier 1 1998

Ombre

L'homme vit
Et à côté de lui son silence
Ce merveilleux silence
Qui fait toute son existence
	Ou la défait
Sans le voir
Chaque jour l'homme se penche
Sur le berceau invisible
	De son humanité
Ramassée humblement 
Vers un coin de son esprit
Sans le savoir
Il côtoie sa propre proximité
Essence de son essence
Qui le suit doucement
Comme un animal craintif
Ou peut-être son ombre
Ou l'ombre de son ombre
Qu'il croit connaître
Le silence absorbe le temps
Et tandis que l'ombre de l'homme
Se prend au piège de l'ennui
Le temps d'un soupir
L'ombre de l'ombre
Libre
Voyage dans les rêves et le désir...

Mille regards

Mille regards
Se taisent sur mon passage
Se posent et s’envolent
Comme un profond complexe
En nuée invisible
Que cache l’humanité
Qui cache l’humanité
Révélant un indicible cauchemar 
Mille regards
Deviennent chaque jour
	 chaque seconde
Insectes noirs chassés
Par la monstrueuse paresse
D’une humeur à l’abondance
Rassasiée satisfaite
Par un mensonge insipide
Mille regards
Se taisent sur mon passage
Humiliés d’être si bas
Humiliés d’être
Tués déjà par ignorante faiblesse
	ou simple mégarde
Voulant dire ce qu’ils n’ont pas
Et cachant ce qu’ils sont 
Voués qu’ils sont à la honte 
	Et au mépris
Mille regards reviennent
D’un long couloir sans reflet
Le trou noir du temps obsédé
Fixé sur l’enfer de son passé
Qui remonte lentement
Comme une bave maladive
Chaque regard plongé dans son noir
Provoque le vertige
Libérateur de l’infamie
Le tremblement conspirateur
Qui attend de soulever
Sa fébrile vie
Mille regards
	et mille remords
	et mille espoirs
M’accompagnent sur mon chemin
Et me portent de plus en plus
Loin vers une quête inespérée
Peut-être inutile :
Ce qui doit s’avouer…

dimanche, janvier 19 1997

Atlas

Atlas.JPG

mardi, décembre 31 1996

De rêve en rêve

Au fur et à mesure que je vais vers mes rêves, mes rêves changent. Ce qui était intérieur devient extérieur. Et ce qui était extérieur devient simple passé. Et ce passé, histoire. Je m’en délivre. L’homme avance vers ses rêves comme un ver dans la terre. L’homme grandit de ces rêves qu’il aperçoit, puis assimile et rejette derrière lui. Les rêves n’ont jamais été lointains ni par la suite oubliés. Pur effet d’optique mentale. L’homme les porte toujours en lui. C’est lui-même qui évolue par rapport à eux. Ce ne sont pas les rêves qui choisissent l’homme. Mais c’est lui qui les invente pour avancer. Il s’ignore encore tellement lui-même.

A quoi sert de rêver ? Puisque l’on ne peut jamais atteindre ses rêves, autant inventer celui qui ne nous quitte jamais. Je ne rêve pas à rêver, je rêve à inventer mes rêves, ce qui n’est pas pareil. Puisque j’ai la flemme d’attendre, je rêve tout de suite à ce qui peut être présent. Le vrai rêve est dans le présent, le faux rêve n’est qu’une illusion du temps, un temps maquillé pour mieux attendre. Mais le vrai rêve dans le présent n’est plus du rêve. C’est déjà autre chose.

Autre chose : voilà le mot qui me libère. Mon rêve à moi, c’est de me dire : maintenant. Au moment présent, il y a autre chose. Il n’y a pas que ce que je perçois, il y a encore autre chose. C’est un signe d’espoir cet autre chose, c’est ce qui alimente mon désir. Est-ce que je le sais, ou est-ce que je ne le sais pas ? Si je savais ce que c’est, mon désir s’éteindrait aussitôt. Le désir, c’est ce qui me permet d’avancer. Un désir d’autre chose. Peut-être de ce qui n’est pas moi. Pourtant je ne me fuis pas. Mais être seulement moi ne me suffit pas. Je veux être aussi autre chose, ou plutôt tendre vers …Cet équilibre qui en découle est délicieux. C’est déjà le frémissement de la vie.

La vie s’attend elle-même. Toute la vie durant, elle se rêve. Elle se rêve entrain de rêver. Elle se rêve désirant. Et qui peut-elle désirer ? Ce qui n’est pas elle. La vie nous comble car elle s’avance vers nous. Je rêve la vie qui me rêve. Je désire la vie qui me désire. C’est une histoire d’amour. On cherche à se rencontrer. On se rencontre déjà dans le rêve. Le désir est déjà réciproque, un frôlement. Tout est question de distance. La vie est un art. La vie appelle la vie. Le désir appelle le désir. Sans que je le cherche, le rêve vient vers moi. Car c’est tout qui s’inverse. En rêvant le rêve, je me fais désir de moi-même et j’appelle ainsi la vie. Les choses se renversent, je me rapproche. Je me rapproche un peu plus vers la vie. Pas besoin du toucher, le contact se fait dans l’espace de la pensée. Car la pensée se rapproche aussi d’elle-même. Tout est là qui s’invente de soi-même. En inventant l’invention, on réinvente la liberté. Et la liberté redonne le désir et le désir la vie.

En rêvant le rêve, on s’invente la sensibilité qui conquiert le réel.

vendredi, janvier 19 1996

Paysage

Paysage2.JPG

mercredi, janvier 3 1996

Perceptions et relations

On est des êtres et on ne sait pas qui on est. On est des êtres qui vivent grâce à ce qui ne vit pas. Grâce au silence. Grâce au vide. Nous sommes perméables à ce qui nous entoure. En nous-même nous portons ce qui est et ce qui n’est pas. De la relation même entre ces deux états, comme de la relation à toute chose, notre vie dépend. La vie n’est pas ce qui est ou ce qui n’est pas. La vie est indéfiniment une relation entre ce qui est et ce qui n’est pas, entre ce qui croit être et ce qui ne semble pas être.

Chaque être porte en lui ce choix de faire exister ou de ne pas faire exister ce qui semble être sans jamais savoir si cela est véritablement. A partir de la relation, la vie est un état. En permanence. En permanence en équilibre instable ou en déséquilibre stable, ce qui revient à la même chose. Ce qui relie l’être à ce qui l’entoure, c’est sa propre perception. De cela, il ne pourra jamais en sortir car sa perception, c’est lui-même.

D’une certaine manière, l’être crée en lui-même sa vie. Lui-même fait exister chaque chose pour avoir ensuite une relation avec elle. L’être définit la relation, il donne vie à la chose. Qu’importe de savoir ce que peut être la chose en dehors de lui. Imaginer ce qu’elle peut être ou peut ne pas être, fait encore partie de la perception. Il ne peut en sortir. La différence de la chose fait partie de lui-même. « L’autre » est en lui. De la relation à cet autre naît la différence de la chose. L’extérieur naît de la relation avec l’intérieur.

Pour chaque être, il n’existe pas d’extérieur absolu ou d’intérieur absolu. Il n’existe qu’un seul absolu, c’est ce qui est à l’origine de sa propre vie. C’est ce qu’il ne peut concevoir car c’est en lui, c’est lui-même. Créer la conception d’un absolu étranger, à l’extérieur de lui-même reviendrait à le déposséder de sa propre vie, ce serait créer l’objet de sa propre destruction. Il est cet absolu. Et à partir de lui-même, il a la liberté de créer sa propre vie. Il est maître de sa propre vie. C’est ce qui lui fait peur. En cela il est seul.

Et pour ne plus être seul, il ne peut que partager cette liberté et non avoir une relation de dépendance. La relation de dépendance est trop facile. Elle détruit. C’est un échange de mort et non de vie. Qui ne veut « mourir » doit affronter cette liberté, cette lucidité.

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