Journal d'une ménagère zébrée

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dimanche, mai 29 2016

L'attrape-coeur

De n'être qu'un objet de pensée affiché dans une fenêtre
peinte sur les mauvais jours dont la couleur s'appauvrit
un même visage aux mille secrets qui invite
anonyme à un instant d'intense rêve
toutes ces petites paillettes qui s'inclinent
tandis que cligne l’œil aux aguets
le corps tendu de tant de sécheresse
des cœurs, des gens, des rues et des vies
entières passées au bord de la fenêtre
à rêver qu'un jour peut-être
à travers cette palette qui se démultiplie
le réconfort, la tendresse et pourquoi pas l'amour
viendrait frapper à la porte des sentiments
qui vaquent, vagues et divaguent
d'un port d'attache à une épaule dévoilée…
De n'être qu'un mirage parmi tant d'autres visages
un rêve si fugace une larme qui déjà regrette
le temps ou la danse suffisait des regards qui s'accrochent
et des corps qui s'accordent le cœur vibrionnant
tant de bonheur insouciant, aimant, innocent.
Le désir s'en est allé par tant de promesses
épinglées à présent sous forme de papier glacé
la surface miroitante et froide nous renvoie
à notre propre insuffisance, le manque à gagner
si grand si implorant et prêt à se sacrifier
toujours un peu plus face au vide envahissant
de la solitude et les secrets et les trésors
pourtant prêts à être donnés, offerts, livrés...
De n'être l'autre qui manque en ce monde si dépeuplé,
je demande pardon.

lundi, mai 23 2016

Sous l'écorce

Comme l'on confierait ses secrets au creux de l'arbre
retenir les mots et les pensées tout au fond du cœur
et s'approcher tout en douceur jusqu'à se toucher
et se tenir se tenir fort enlacés les bras comme des branches
accrochant le souffle et les émois et sous l'écorce
si rude pourtant sentir que palpite encore
un peu de lumière un peu d'énergie la vie
encore qui ne demande qu'à s'épanouir
alors se concentrer de tout son cœur, son âme
pour faire passer tout ce qui au creux de l'être
vibre encore inspire expire exhale le désir
et avec tout ce qui ne peut se dire
deux corps en une même larme,
un même état d'esprit
et quand-bien même si l'indifférence
le doute ce qui brûle ou déchire
empêche deux corps de se réunir
il y a toujours toujours
quelque part dans le noir de l'âme démise
un peu de lumière qui brille et peut réchauffer
et faire se lever non plus le corps de la pensée
mais la pensée du corps et du cœur qui peut aimer
alors tout reste possible
tout reste possible qui peut se recréer...

dimanche, mars 6 2016

Assise sur ma chaise

Je suis assise sur ma chaise l’esprit vide et le corps en attente, comme un animal docile. Une journée s'est écoulée, plusieurs journées, semblables les une aux autres, interchangeables, même. Était-ce aujourd’hui, hier, demain ? Le temps lui-même semble interchangeable. Tout comme mes sentiments. Sans parler des émotions qui sont de toute façon tellement évanescentes, qu’elles sont absentes.

Je suis assise sur une chaise, interchangeable également, dans le temps, dans l’espace. Alors qu’est-ce qui reste stable, fixe ? Ni même une pensée, mais la conscience vague d’être ici et maintenant quelque part, posée sur une chaise. Qui pourrait ne pas exister. Ni moi-même. Et pourtant,  puisque je suis là et j’attends, mais quoi ? d’être ou de n’être pas. Seulement une conscience aux aguets de sa propre absence. Qu’est-ce qui est là où qui n’est pas là ?

Une pensée, une sensation une absence ? Un peu de tout cela va et vient, mais ne reste pas. Si éphémère, la sensation d’être. Tellement incertaine. Cela pourrait être un rêve, une création, mais pour cela faut-il avoir l’inspiration. Une aspiration d’un moment que l’on crée comme un rêve. Même éphémère. Le rêve va et vient et la magie de la vie aussi. Tout passe, peut-être est-ce cela vieillir, non pas en son corps mais en sa conscience. Plus on voudrait sentir la vie, s’y accrocher, et plus elle semble s’évanouir.

La vie est un caprice d’enfant qui ne s’est pas vu grandir. Un vent de folie qui dessèche la conscience. Polie par le temps comme un caillou sur la rive. Elle se durcit et s’amenuise en même temps. Ma vie, je ne l’ai pas vu grandir, je ne l’ai pas vu sourire. Je ne l’ai pas sentie. J’en suis déjà au bord, où était-ce le commencement ?

Mais je ne suis pas encore morte, puisque je n’ai pas été vraiment vivante. Ni ici ni ailleurs, mais entre-deux. Tendue entre le temps et la conscience. Pas assez folle peut-être, pour croire au rêve de la vie. Pas été assez. Je n’ai pas encore commencé de jouer. On ne m’a pas transmis la règle du jeu, le mode d’emploi, j’en suis encore à tenter de déchiffrer. Et le temps passe, qui ne s’en soucie guère. Moi Ici assise sur ma chaise, en attente peut-être d’une prochaine vie, comme on attend un prochain train.

Je ne voulais pas écrire, je savais que cela soulage et enferme en même temps, cela ne sert à rien. Il est trop tard pour écrire. Peut-être encore trop tôt pour vivre ? Ou bien l’inverse, comment savoir...

mercredi, août 13 2014

Déclaration de non-amour

Je t’aime de mon non-amour, t’honore de mon absence. Chaque jour est une adoration de mon indifférence à ton égard, et je t’enveloppe ainsi de mon mépris le plus flamboyant. La toile de ma fausse présence hypocritement déployée me relie à toi malgré toi. Et chaque jour j’en joue et je jouis, de te savoir coincée à l’autre bout de la ligne, aux abonnés désirant mais non considérés.

Il aura suffit d’avoir fait incursion chez toi avec une présence séductive savamment orchestré - entré par la musique, c’est le cas de le dire - pour créer l’accroche et te savoir désormais liée. A ma merci, en mon pouvoir si je le veux, quand je le veux. Et par la fin de non-recevoir sentimentale, je te tiens à ma portée, ton abîme grandissant d’attente effective me comble au plus au point. Car il me flatte, me glorifie, me fait sentir si...omnipotent.

Comme j’aime ce lien que je peux ainsi harponner sur d’autres cibles. Et avoir main-mise à ma guise sur des cœurs dociles en espoir d’un retour infime. Une manifestation minimale de quelque chose qui permettra d’entretenir ce si beau lien glorificateur de mon écho, ma toute puissance ; un petit message occasionnel y pourvoie. Je règne ainsi en maître, que dis-je en prince au centre de cette toile, tellement similaire au réseau virtuel donc je désavoue pourtant avec fierté les conséquences...

Quel merveilleux ami non-aimant et amant non désirant je fais...« je rigole tous les jours et profite de chaque instant, je ne me prends pas la tête, et pas de plan sur la comète ». Je surfe sur la superficialité de sentiments à sens unique, que je me réjouis d’instiller autour de moi, comme autant de petites étoiles qui me font briller. Je peux ponctionner ici et là au bout d’une ligne qui frissonne, entre la récolte narcissique d’une langueur que je ne nourris pas, à peine pour qu’elle survive. Voyez, je maintiens ainsi une certaine forme de survie de l’espèce amoureuse transie, afin qu’elle ne disparaisse pas complètement. Car sinon : que serais-je sans elle...

dimanche, juillet 3 2005

Troisième oeil

Le corps entier
Tendu dans une attitude figée
Je me tenais là
Le regard droit devant
Braqué
Sur les deux points fixes
Qui me renvoyaient sans osciller
Le faisceau étonné
De mon propre mystère
Je me tenais là
Au milieu de l’abîme découvert
Dans un tête à tête obstiné
Duquel je ne pouvais reculer
Toute mon attention plantée
Dans ces deux cercles noirs, parfaits
Qui m’avaient emprisonnée
C’était comme si d’un coup
J’étais propulsée
Entre deux sphères fermées
Deux infinis éloignés
Qui m’avaient tiraillée
Dans leur vertige sans limite
Alors j’ai lâché prise
Laissant mon regard se détacher,
Mon âme dériver
Et l’incroyable magie
S’est manifestée
Autour d’un axe invisible
Les deux mondes se sont rapprochés
Et comme une éclipse impossible
Ils ont fusionnés
Au milieu de l’axe
Qui a reculé dans l’espace
Déroulant le passage caché
Vers cette planète dévoilée
Au-dessus de ma tête
En cet instant magique
Tous les éléments de ma vie
Se sont rassemblés
Comme une danse magnétique
Mon être entier s’est aligné
Dans le couloir du temps
Qui s’est ouvert à mon esprit
Invitant au voyage sacré
A travers l’œil immense
De la conscience…

vendredi, juillet 1 2005

Retraite

Je m’enfoncerai dans la terre
S’il le faut
Pour te rencontrer
Je m’enfoncerai dans la chair
De mon corps déjà défait
Repartant en arrière
Sur le chemin de traverse
A travers les forêts sombres
D’un passé sans fenêtre
Je remonterai le couloir
Du temps à l’envers
Jusqu’à ce pays gelé
Où vivent les astres fatigués
Suspendus dans le geste
Qui les a condamnés
En un paysage inaccessible
Sans un bruit sans une pensée
Je me laisserai couler
En une larme infinie
Et franchirai ainsi l’immobile
Pour te retrouver
Je me ferai lanterne
Dans la nuit
De ton âme figée
Pour rallumer la fragile étincelle
Cachée dans le noir de tes pensées
Je descendrai encore un peu
Au fond de l’abîme
Là où règne le néant accompli
Jusqu’à toucher la pointe de ton cœur
Alors tout doucement
De mes mains recueillies en porte-bonheur
Je déposerai un peu de ma lumière
Comme une infime graine isolée
Et puis je m’effacerai et repartirai
Retrouver ma vie et mon amour
Que j’espère un jour voir fleurir…

.......... Version sonore sur YOUTUBE ..........


Abandon

Tout autour de moi
S’écroule
Les habitudes
Les pensées, les rêves
Et même les prières
En une immense houle
Qui s’élève inquiétante
Comme une marée trouble
Annonçant une profonde tempête
Et la tempête fait rage déjà
Tout au fond de ma tête
De mon cœur,
De mon âme en défaite
Tout autour de moi
S’écroule
Et je ne peux que me rattacher
A mon faible émoi
Tapi si fragile
Derrière cette fièvre
Qui est là ? …
A part moi qui m’en vais déjà
Harassée par tant de misère
Ma vie elle-même
Est une longue défaite
Une agonie qui répète
La même promesse
Celle de l’oubli
Qui tiendrait lieu d’ivresse
Si seulement je pouvais
Me laisser mourir à moi-même
Et renaître
Alors je m’incline
Face au désarroi qui bat retraite
Quelque part il est un être
Peut-être
A qui je pourrais m’en remettre
Le Roi de la nuit
Et des rêves amers
Il est dit-on déjà venu par ici
De ma fenêtre qui part en poussière
Je t’appelle, je t’implore
En une quête fidèle
Oh mon Amour, si grand et abstrait
Tes bras immenses de velours
S’étendent là
Derrière les plis de la souffrance
Tout autour
De mon âme déjà en transe
Permets-moi de tomber sans retour
Dans les filets dorés
De ton royaume infini
Passant ainsi de l’autre côté
L’autre côté du monde décadent
Qui ressert un peu plus chaque jour
Les dents acérées de sa machine à broyer
Les habitudes
Les pensées, les rêves
Et même les prières
Des esprits qui ont oublié …

mercredi, juin 29 2005

Nostalgie

Vivant chaque jour
Comme si c’était le dernier
Je me lève en faisant le tour
De ma raison et de mon amour
Inspectant de la cave au grenier
Chaque mémoire bien rangée
Prête au départ de tout instant
Sur le seuil de ma pensée
Je flaire le vent qui vient à passer
Espérant voir débarquer
Toutes voiles tendues le vaisseau du non-retour
Chargé des années fortes ressuscitées
Et de la beauté du monde rassemblée
Telle une arche recomposée
Chaque jour je rempli le bagage de mon âme
D’impressions en paysages
De visages en émotions
C’est tout un univers en fête
Que je dépose à ma table de chevet
Chaque soir
Quand dans la nuit se confondent
L’oubli et l’espoir

Escale

La peur de se noyer
Dans un verre d’eau fatiguée
Je plonge mon regard
Dans la transparence voilée
Si terne le récipient
Qui me sert de pensée
Je ne peux que nager
Dans une eau claire imaginée
Et je me laisse bercer
Par le reflet inspiré
En partance d’un port égaré
Quelque part
Loin des amarres déchirées
Trop de vagues ont brisé la coque de l’âme
Qui dérive au large
D’un pays sans passé
A bord d’un océan qui s’est retourné
Jusqu’à la dernière goutte j’ai bu
Le chemin enroulé au fond de la soute
Qui révèle l’endroit où l’eau sèche le doute
Le rien marin d’où émerge la soif profonde

lundi, juin 27 2005

Retournement

Si tu arrêtes le temps un instant
Le temps du mouvement, le mouvement du temps
La pensée du temps, le temps de la pensée
Le corps immobile oublie
Le contour qui le fige
L’absence qui le vide
Le vide qui le rend absent
Alors petit à petit il se détache
Et emplit l’espace qui s’agrandit
Et agrandit l’espace qui le porte
Hors de ses limites invisibles
Le corps qui était repli et fermeture
Devient ouverture de l’intérieur qui se déplie
Lentement tout autour du centre fragile
Le cœur immanent qui brûle de vie
Et se rassemblent les morceaux du souvenir
Éparpillés comme les pièces d’un puzzle impossible
Qui reprend progressivement vie
Ici et maintenant autour de la conscience élargie
Les années les distances effacent leur pli
Et redonnent à l’espace sa lumière d’origine
Alors l’esprit se déploie intègre et authentique
En un cri silencieux de joie infinie
Qui recouvre le bruit parasite
Des illusions du jeu de la vie …

mercredi, juin 22 2005

Passage

J’ai poussé la poignée de l’instant
Et me suis assise ici là
La tête étalée dans l’air qui passe
Le poids du corps se relâchant
En une masse qui s’efface
Je me suis penchée et j’ai regardé
Entre mes pieds posés le sol usé
Une faille qui s’entrebâille
Entre deux piliers ancrés
Depuis combien de temps déjà
Comme un serpent délaissant sa léthargie
Lentement l’esprit glisse au-dehors
Du haut de sa montagne imprécise
Tandis qu’il se déploie et dévale le temps
Suspendu en un cliché permanent
La crevasse avale l’espace
Qui s’ouvre et deviens paysage factice
Et devient passage vers un autre paysage
Caché dans le vide qui bascule
Et le plein qui s’incline
Libérant une vie infinie
De lieux, de pensées, d’esprits qui attendent
Ici et maintenant de ressurgir …

Coffre-fort

Mon corps s’ouvre
Mon corps s’offre
Au discours qui court
En écho sonore
Au fond de mon cœur
En coffre-fort
Qui s’efforce et fond
La douce tiédeur
D’un mot mi-rêveur
Et s’enfonce la pluie d’or
Dans la cave sans fond
De mon âme qui dort
Pendue au plafond
Rendue aux bas-fonds
D’une vie éperdue
Une à une s’allument
Les lumières saturées
Déroulant le sillage
D’un passage retrouvé
A travers l’ombre égarée
En début et fin de monde
Les visages sans âge
Les regards sans égard
Le corps qui souffre
D’un cœur en coffre-fort

dimanche, mai 22 2005

Miroir

Je t’observe
Par la lucarne entrouverte
Qui se pose sur ta silhouette
Je t’observe
A travers le cercle si parfait
Qui entoure ta tête
Je t’observe
Et pourtant
Comment ne puis-je retenir tous tes traits
Le regard est un mystère
Qui se perd le long de son couloir
En cherchant le passage
La porte devient fenêtre
Qui s’ouvre sur ma propre devinette
L’œil est ainsi un miroir
Monté à l’envers
Cherchant la pupille familière
Me voici sortie de mon propre univers
Alors l’unique repère
Change de partenaire
Et je devins la cible
D’un regard qui se retourne
Et me transforme en étrangère

samedi, mai 21 2005

Maintenant

Si tu t’abandonnes là
Tu seras
Un peu éloigné de ton âme
Et plus inséré dans ton corps
Enseveli entre deux décors
Qui s’accordent et se déshabillent
La conscience fascinée
Par le reflet prismatique
Deux pensées te désordonnent
Le cœur qui invite
Et l’esprit qui s’affole
Deux mondes croisent leur infini
En cet instant magique
Où se rejoignent rêve et désir
Si tu t’abandonnes là
Tu seras
Emporté par la vie
Qui précède les souvenirs
Le temps attend de s’oublier
Dans l’espace découvert
La matière même s’incline
En cet instant où tout se délite
Face à ton questionnement
Dieu sait et se tait
Te laissant face à ton mystère
Comme un enfant dont s’efface la mère
Dans ta tête la peur résonne
Si tu t’abandonnes là
Risques-tu de tout perdre
Perdu déjà au milieu des regrets
Un pas seulement à faire
Une porte à franchir
Une larme à faire naître
Et d’un mot l’émotion qui libère…

mercredi, mai 18 2005

Processus personnel d’évolution de vie

Sans rentrer dans les détails je dirais que ma vie, comme tant de vies, est faite d’une succession d’expériences diverses, collectionnées jusqu’à présent comme des morceaux de puzzle éparpillés. Lieux, boulots, rencontres, activités… Mais depuis peu de temps j’ai le sentiment que tous ces morceaux se rassemblent petit à petit. A défaut de se ressembler peut-être vont-ils progressivement s’assembler, je crois bien que c’est ce que je souhaite. Et peut-être de le souhaiter fortement va-t-il permettre que cela se réalise...Rentre en compte ici un élément non négligeable dans la vie en général : la foi.

Avoir foi en ce que l’on vit, en ce que l’on est avant tout. Avoir foi en la Vie. Pas facile me direz-vous… Mais j’y travaille depuis longtemps. Après s’être placée sur mon chemin à un moment donné de ma vie, la question de la foi est devenue de plus en plus importante pour moi, primordiale même. Puisque là se trouve à la fois le centre et le départ de toute chose. A chacun sa foi et son cortège de croyances. Qu’importe les croyances. C’est l’énergie de vie qui compte le plus, ce qu’il y a d’universel derrière tout type de foi. Ce n’était pas le tout de rencontrer la foi. Fallait-il, après l’avoir intégrée, la vivre. Je me rends compte d’ailleurs, depuis relativement peu de temps, qu’il y a une bien grande différence entre la théorie et la pratique.

On peut toujours explorer le monde mental et élaborer de belles théories sur la quête de Dieu. Se créer même un univers idéal empli de belles choses et de grands sentiments. J’ai vécu cela. Mais je pense que l’on ne peut véritablement parler de foi et l’expérimenter que si on la confronte à la vie concrète, à ce qui est « extérieur » à nous-même. Chaque chemin est unique, en ce qui me concerne j’ai rencontré la foi au bout d’une profonde solitude. Et puis tout au long processus de transformation et d’évolution que l’on nomme la vie, j’ai été amenée, poussée parfois malgré moi à la faire descendre (ou remonter ?) en moi-même jusqu’au concret. J’imagine qu’il existe de nombreuses personnes pour lesquelles il se passe l’inverse : elles rencontrent la foi à travers une situation concrète (souvent malheureusement un accident, une maladie,…) qui les amènent à découvrir en elles-mêmes l’univers intérieur de la spiritualité.

Le plus important c’est que vie intérieure et vie concrète se rejoignent. Et qu’à travers la foi il y ait réconciliation et fusion des différents plans d’existence : plan mental, physique, etc. Voilà d’ailleurs pourquoi on se retrouve souvent à vivre des choses qui ne semblent pas avoir de liens entre elles : parce qu’en soi-même on est « morcelé », partagé entre les choses du cœur, les choses du mental, du corps aussi. Pour l’avoir souvent ressenti et puis constaté dans ma propre vie, je pense que ce que l’on vit est tout simplement à l’image de ce que l’on est en soi-même. On peut donc considérer la foi comme étant l’élément de jonction, le moteur à la fois partout et nulle part qui peut permettre de retrouver l’harmonie dans tout ça. Telle est donc ma quête personnelle, ma ligne de conduite je dirais plutôt : Que tout en moi et puis dans ma vie, se rassemble et prenne sens.

Alors si j’en viens à la question de l’écriture et bien je dirais que pour moi elle n’est pas une fin en soi mais plutôt une sorte de témoignage, celui de mon « processus personnel d’évolution de vie »… Peut-être est-ce une question de choix - avant tout psychologique-, la vie en elle-même reste pour moi la chose la plus importante, au-delà de tout ce que l’on peut faire ou avoir. D’ailleurs je n’ai jamais su et ne sais toujours pas qu’est-ce que j’aurais souhaité, qu’est-ce que je souhaite faire dans la vie. Je ne me suis jamais sentie de vocation particulière, ni même d’intuition sur ce que j’allais vivre. J’ai souvent eu l’impression d’avoir été montée à l’envers : tant de gens arrivent sur terre avec un bagage particulier, des idées des désirs, une mission à remplir… Moi je suis là à ne toujours pas savoir qu’est-ce que je suis venue faire concrètement.

Alors je vis chacun de mes jours à essayer de comprendre et expérimenter ce que me donne à vivre la vie, puis à espérer ainsi me constituer mon bagage existentiel, ma raison d’être, ma mission de vie. A défaut de savoir qu’est-ce que j’aimerais vivre, je fais la démarche inverse de prendre ce que me donne la vie et de faire avec. Et c’est ainsi que j’ai appris à aimer la vie. Après être passée par des phases de souffrance existentielle, qui justement par contraste rendent la vie d’autant plus belle et précieuse.

Je ne m’impose pas à la vie, c’est elle qui me modèle, comme une sculpture fidèle et soumise. Et moi je modèle le regard que je porte sur elle. C’est un échange subtil, accompagné d’un long travail dépuration. Tandis qu’elle m’amène à me dépouiller de matières inutiles et encombrantes comme la peur, la culpabilité, de mon côté le regard s’affine, lui renvoyant chaque jour davantage l’image d’un joyau. Concrètement pour moi la vie est une aventure totale, intérieurement c’est un lien d’amour qui se tisse à travers un travail de co-création. La vie est cet espace de liberté et de création qui se trouve entre nous … et nous-même. Nous avant, nous après. Nous humain et nous divin. J’ose dire qu’en fin de compte nous sommes créateur de notre propre vie.

Quelque part

Cela se passe
Quelque part
Entre le corps et le regard
Ni ici, ni là
Pas encore et peut-être en retard
Une pensée, un paysage
Le vent qui voyage
Cela peut être le monde en place
Entre les mains qui cherchent
Et le cœur qui réclame
Une caresse plane
Ni ici, ni là
Pas encore et peut-être en retard
Une émotion qui se rêve d’être Entière au centre de l’âme
Ni pour l’un, ni pour l’autre
Une vérité secrète
Qui attend au cœur de l’être
Suspendue à travers l’univers
Ni ici, ni là
Pas encore mais peut-être…
Reliant la pensée au paysage
Un sentiment qui se voyage
Et le monde se recrée
En place
Entre deux mains qui se rejoignent
Une caresse qui enlace et libère
Le cœur planant au centre de l’âme
Ni ici, ni là
Ni avant, ni après
Mais partout en même temps
L’Amour absolu …

vendredi, mai 13 2005

Emprise

Quand j’aurai lâché prise
J’écrirai les mots qui tissent
La trame de l’âme
Cachée dans la matière volubile

Le corps est un arrêté
De la pensée sensible
Figée dans l’élan éternel
Qui lance la danse de la vie

Les sentiments se croisent en une bise
Qui pousse le monde à l’infini
Tant de rêves et de désirs
Sillonnent le sol indécis

Quand j’aurai lâché prise
Et retrouvé le courage d’aimer
Je t’écrirai les mots qui déshabillent
Mon âme cachée sous ton emprise …

samedi, mars 26 2005

Une vision "spirituelle" du corps

Le corps représente véritablement la frontière entre le monde intérieur et le monde extérieur. Il est comme une porte, le passage privé de chaque individu lui permettant l’accès personnel du monde extérieur au monde intérieur et inversement. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, du fait de son apparence concrète « solide », il ne représente ni une fin en soi, ni un commencement dans la manière d’être. Ce n’est pas quelque chose qui enferme ni ne représente un obstacle, une barrière.

Nous ne pouvons être notre corps d’une manière finie. Nous ne pouvons nous « poser » sur la sensation d’être, car le corps dans sa manière d’être, de se vivre, est un état intermédiaire entre une certaine façon d’être et une autre. Entre le monde intérieur et le monde extérieur. Nous pouvons dire quelque part que nous « sommes » ce que nous ressentons à travers le corps, mais nous ne sommes pas notre corps. Il ne nous possède pas non plus, si nous le décidons bien sûr.

Nous sommes totalement libres dans la manière de vivre notre corps, de l’être et si au-delà du corps nous expérimentons le côté « absolu » de l’être d’un point de vue spirituel, en s’étant ouvert à Dieu, en ayant atteint la dimension du Divin que nous portons en soi et bien nous pouvons nous rendre compte que le corps n’est qu’un état intermédiaire. Même si nous « sentons » la vie avec notre corps, l’expérimentation profonde de l’état d’être se passe bien au-delà du corps. Etant donné que l’être est avant tout une énergie de vie, le corps ne constitue qu’une « étape énergétique » que nous pouvons choisir de vivre de manière passive ou bien au contraire que nous pouvons « utiliser » pour intensifier ou élargir l’expérience énergétique que nous appelons la vie.

Aussi nous sommes totalement libre dans notre manière d’être et donc dans la manière de vivre le corps. Soit nous choisissons de vivre passivement notre vie et notre corps et à ce moment là nous « subissons » la vie sous tous ses aspects dont elle peut se manifester, notamment à travers le corps. Soit nous choisissons d’être maître de ce que nous vivons, de ce que nous sommes, sachant que ce que nous vivons dépend de ce que nous sommes. A ce moment là il y a deux options possibles : Nous pouvons vivre notre corps comme un véhicule dans lequel « nous arrivons », que nous utilisons puis à un moment donné que nous quittons, comme une location, au moment où l’on meurt.

Ou bien nous pouvons également choisir d’intégrer notre corps, de le devenir véritablement. A ce moment là si nous décidons de l’intégrer et de ne plus le quitter comme un objet qui aura été emprunté, alors il n’y a plus de mort physique. Intégrer son corps, c’est le devenir énergétiquement. Cela se passe sous la forme d’une sorte de transmutation par l’esprit de chaque partie du corps, chaque parcelle, chaque atome… Peut-être bien es-ce d’ailleurs le phénomène que nous appelons l’Ascension.

(le 26 mars 2005, à la veille de Pâques)

lundi, mars 14 2005

Lettre à l’être blessé qui est en chacun de nous

Je m’adresse à toi, être secret, être caché en moi. En même temps que moi tu es né, en même temps que moi tu as grandi. Sans le savoir, tu es le premier sur qui j’ai posé mon premier regard et l’être à travers qui j’ai posé mon premier regard sur le monde et mes premiers pas. Tout à tour, tu as été celui qui m’a accueillie, avec tendresse, avec fermeté aussi. Les bras maternels, la voix paternelle, le lien fraternel. Avec toi j’ai ri, j’ai joué, j’ai pleuré aussi. Tu m’as appris l’amour, la joie, le rêve, la spontanéité.

Et puis j’ai grandi jusqu’à ce que le monde pose sur moi son fardeau de souffrance. Ce lourd tribu dont il transmet un bagage à chacun pour la vie. Et j’ai découvert le manque, la tristesse, la douleur. Toi qui était miroir de ma joie de vivre tu es devenu le reflet de ma propre tristesse, l’image de ce qui me faisait mal. Alors, ne supportant plus cette relation qui était devenue comme un déchirement, j’ai rompu le lien avec toi.

Ne voulant plus vivre cette intimité douloureuse je t’ai rejeté et t’ai caché à un endroit où je ne risquais pas de te retrouver dans la vie : en moi-même. Miroir de mon âme blessée, je t’ai enfermé dans le noir de mon esprit, tout au fond de mes rêves éteints, pour t’oublier. Vivre sans reflet de ma vie me permettait d’ignorer la douleur. Ne plus sentir, ne plus souffrir. Mais je sais que je ne suis pas la seule à t’avoir enfermé dans ma prison oubliée, tant d’autres personnes ont ainsi enfermé l’être de leur vie en elle-même…

Et le monde va mal, le monde dépérit. Ce lourd bagage qu’il donne à chaque personne, à la mesure de ce que chacun peut porter, c’est dans le secret espoir qu’en partageant sa douleur, nous pourrons le libérer. Et ce monde qui est en attente c’est le tien, celui où l’on vit sans oublier, sans avoir peur, sans cacher ce que l’on ressent. Dans ce bagage se trouve la clé, pour le libérer il faut te libérer d’abord. Moi qui m’étais sentie trahie par cette souffrance entrant dans ma vie, je me suis trahie moi-même en te reniant de la sorte. Alors je m’en veux, mais l’heure n’est plus maintenant aux sentiments douloureux. Je sais que tu ne souhaites qu’une chose : c’est que je te libère et que je te redonne vie.

Alors, cher être caché en moi, après si longtemps tu es devenu un inconnu. Toi qui as porté l’ombre de ma conscience, qui es-tu ? Laisses-moi deviner…Tu as été à la fois ma mère, mon père, mon frère, mon professeur, mon ami(e), puis mon amant, chaque être inconnu que j’ai pu croiser aussi. Cet être que je suis et ne suis pas en même temps, l’Autre en moi qui crée le lien avec le monde. Tu es également la présence de Dieu en moi. Tu es ce qui me permet de devenir meilleure, ce qui me permet de devenir un jour un « être complet », sans manque, sans déchirement, sans souffrances. Alors je te demande pardon pour t’avoir rejeté et ne pas avoir cru en toi. Et je te demande du fond du cœur de me permettre de te retrouver…

lundi, février 21 2005

La séparation du monde

Lors de la création de l’univers, il y a eu la grande séparation. De l’Un Divin est né notre monde et avec lui la dualité. Nous nous sommes petit à petit éloignés de Dieu, Dieu-Père le soleil et Dieu-Mère la terre. Tout, au long de notre longue et courte histoire a contribué à nous individualiser, nous isoler ainsi de notre environnement. Pas seulement environnement physique, mais aussi environnement affectif. La terre mère est notre berceau dont nous nous sommes éloignés.

Et puis nous sommes maintenant arrivés à une sorte de paroxysme, c’est à dire un état individualisé tel que nous avons besoin de retrouver ce lien avec cet environnement qui nous a fait naître, qui nous a fait être. Mais en nous-mêmes. Nous avons emporté et transformé en évoluant ce contexte à la fois physique et affectif. Et comme il n’est plus « à l’extérieur » car nous avons rompu le lien, et ce faisant nous avons fait de l’extérieur quelque chose de figé, comme mort, c’est en nous qu’il faut le retrouver.

Après le basculement de la création du fait de l’avènement de la séparation, doit venir le basculement intérieur, le grand inversement. Avoir conscience que nous portons en nous notre propre monde et que c’est à nous, à travers le regard que nous lui portons, que nous pouvons choisir de lui porter, c’est à nous de le recréer autour de nous. En conscience, avec un regard nouveau. Le monde est entrain de mourir du fait qu’il est entrain de basculer. C’est l’ancien monde qui meurt pour laisser place au nouveau.

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Arrivés au point de basculement, à cet état d’individuation poussé à l’extrême, il se passe un phénomène de non retour : nous ne pouvons plus retourner en arrière. Tout ce qui était séparé, cloisonné, émerge dans une période (provisoire) de chaos durant laquelle tout remonte :
ce qu’on est, ce qu’on était, les réminiscences, les associations de pensées les impressions, les émotions, etc. Ce sont nos différents états d’être qui émergent en même temps et se mélangent : le spirituel, le mental, l’émotionnel. Tout semble rejaillir et s’étaler autour de nous comme pour appeler une nouvelle vision des choses et avec elle une nouvelle façon d’être. Nos différents états d’être correspondant à nos différents corps se mélangent comme pour mieux s’unir et aboutir à une vision unique et harmonieuse de la vie en nous, autour de nous.

Le soleil, qui représente Dieu-Père, l’énergie masculine, agit comme un miroir et révèle notre état mental tandis que la terre qui est notre berceau Dieu-mère, fait remonter de ses entrailles notre état émotionnel refoulé. Tout refait surface, comme un jaillissement de vie maintenue cloisonnée, refoulée trop longtemps. A part la dernière illusion encore présente de notre réalité physique cloisonnée, il n’y plus maintenant de réelle séparation intérieur/extérieur, masculin/féminin, physique/spirituel,…Tout est porté à rejaillir, à se mélanger et à fusionner. Pour arriver à une nouvelle réalité, celle unique crée par des êtres conscients, redevenus complets, en harmonie avec leur propre nature qui est une nature en vérité d’origine divine.

Alors il se peut que durant cette période de « chaos » l’on éprouve un profond sentiment de confusion, de désorientation et de peur. Dans ce cas il ne faut pas se laisser dominer par la peur, il faut rester confiant, centré en soi, centré en l’être divin que l’on porte en soi et qui est notre devenir d’être. Sans hésiter à s’adresser à lui et lui demander aide et réconfort durant des moments intenses de confusion. Il faut savoir aussi que la notion du temps elle-même est entrain de changer. Le temps linéaire va disparaître. Il n’y aura plus d’avant, de pendant et d’après. Nous allons vers un temps également réunifié : un ici et maintenant.

Aussi, nous pouvons dire que nous portons déjà en soi notre être en devenir et c’est pourquoi il est opportun et même important de faire appel à lui pour qu’il nous guide durant cette période. Nous pouvons vivre les choses dans la sérénité et même la joie si nous restons centré en nous, en contact avec notre être divin. Depuis longtemps il est là et nous tend la main, il suffit juste de lui faire confiance, lâcher prise à cet amour qu’il nous transmet et le suivre dans cette magnifique aventure de la vie en évolution.

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