Le désir s’étend sur les murs méconnus de la ville. De ton empire. Toi. L’être que je chéris, l’être que j’attends. Ton regard transparent se porte dans les moindres replis. Il s’étend et s’intensifie depuis la plus petite parcelle que pour un instant, pour un instant seulement j’oublie. Alors, ce faisceau bleu, ce faisceau tendre, m’enveloppe sans attendre, fléau de mon âme qui se tord et se heurte, et m’emporte, me déporte sans ménagements hors du temps, de la lenteur, au-delà de mon cœur implorant, suppliant et qui pleure de douleur.
La lumière de ta propre vie se fait soleil et brûle dans mes rêves et brûle mon sommeil. Étincelle jaillissante, la lueur éclatante et insoutenablement belle, s’élève à mon regard et aveugle mes yeux qui se perdent. La surface de la terre se transfigure et se révèle, révèle son existence obscure, en retrait. C’est ton visage qui apparaît. A la beauté démultipliée. Chaque fleur, chaque arbre, jusqu’au plus petit brin d’herbe, détient le secret, ton secret. Parfum de surprise, parfum d’un plaisir qui plane nonchalamment dans l’air frais. Plaisir qui ne se livre et reste inconnu et reste substance divine. Miroir qu’est le ciel et renvoie de toute part le reflet de la grâce. Le reflet de ton bleu regard …
La mer s’ouvre et s’incline pour laisser passer le souffle tendre d’un sourire. De ton sourire. Les mille vaguelettes dociles dessinent en leur pli une bouche immense à la pulpe marine, infiniment tendre, infiniment douce et qui laisse transparaître dans une langueur sans pareil l’ivresse, le bonheur fou, d’un baiser à peine effleuré. Puissance du sentiment … Mais la mer se referme lentement et engloutit avec elle ce trésor à-demi révélé.
Les rochers, profondément ancré dans leur ancestrale et monumentale solidité, font apparaître comme une très fine et subtile fumée : Une pensée. La pensée que tu as laissée en retrait, égarée, après toi, telle la traîne d’une jeune fiancée. Ta pensée. Délicate et si pleine d’une intense et discrète intelligence, éternellement vérité en elle-même, éternellement sagesse.
Et le vent, chargé de l’ultime mission, l’ultime devoir sacré, porte en son sein caché, dans la grandeur de l’infiniment petit, le petit quelque chose de magique et de toute beauté : l’infime parcelle d’une incroyable densité, au-delà de toute portée, de toute pensée, qui se suffit à elle-même, la richesse qui donne vie à l’univers tout entier : l’infime parcelle irréductible de ton être …