Par un triste jour d’hiver, au tout début janvier. Passées les fêtes de fin d’année et avec, le fugace soulagement d’un côté du fardeau de toute une année écoulée. Et de l’autre, le secret et vain espoir que tout allait être différent. Tout n’est pas différent, mais s’apprête à continuer de même. Par un jour de janvier gris et froid, tout semble figé. Comme tant d’autre journées d’hiver, égales à elles-mêmes. Comme ma propre personne, avec ses illusions, désirs et attentes ainsi sans cesse reportés.

Alors, mes quelques jours de congés me le permettant, je me pose. Après une année riche d’évènements et mouvementée qui s’est terminée par une séparation (délibérément choisie) juste avant Noël, je me pose. Où en suis-je, où suis-je ? L’endroit où je suis concrètement c’est chez moi dans ma maison, mais moi : mon esprit, mon cœur, mon âme ? Où est-ce... Je me dis que tout est toujours à l’intérieur de moi. Mais je ne peux ni le voir, ni le sentir. C’est peut-être une des difficultés de la vie humaine, ou plutôt un des plus grands paradoxes.

Il faut être dans un élan à sortir en quelque sorte de soi, pour voir d’où l’on est, qui l’on est, qui on « naît » ? Sortir de son axe pour voir ce qu’il en est. Ce qui me fait penser à la roue qui doit tourner pour prendre conscience du moyeu qui la constitue. Une des images du Tao d’ailleurs : le moyeu qui fait la roue, en prenant en compte ce vide dont il est fait et par analogie, ce vide en nous-même qui constituerait la base de nôtre être ? Celui de notre esprit, qui n’est pas quelque chose de palpable. Et donc, de sortir de soi-même - symboliquement bien sûr, comment y arriver autrement que par la méditation ?

Active ou passive, que ce soit en marchant, bougeant, ou en restant assis au calme. Quelle que soit la technique utilisée, il s’agit pour y arriver de se projeter quelque part. Mentalement. Pour ma part, j’ai la chance de pouvoir facilement visualiser. Pour d’autres, ce serait par des sons, ou simplement l’abstraction de la pensée ? Toujours est-il que pour moi, visualiser des images ou plus souvent un paysage, a comme répercutions et même comme pouvoir je serais tentée de dire, de « faire croire » au cerveau qu’il s’agit de quelque chose de concret, un endroit, bien « réel ».

Cela est d’ailleurs souvent abordé dans les neurosciences, et utilisé dans les techniques de médecine douce comme la sophrologie ou encore l’hypnose. Sans en être experte mais de simplement de m’y être intéressée, je sais que derrière tout cela il y a quelque chose. A la fois une part de vérité et de mystère. Sans considérer ce qui serait « réellement réel » ou pas, ce qui est un autre domaine, cela m’intéresse sur le plan de l’esprit.

Et donc pour en revenir au sujet : s’asseoir simplement quelque part en méditation, et visualiser. Pour être plus précise, transformer en image comme un paysage intérieur ce que je ressens. Et laisser faire… Si j’arrive à suffisamment lâcher prise, cela vient tout seul, ou presque. Utiliser une image forte en symbole, peut aider. Et quelle image pourrait symboliquement représenter au mieux ce qui constituerait le plus fondamental en moi, à la fois comme base irréductible de mon être mais aussi comme aspiration la plus essentielle, la plus universelle aussi. Quelque chose d’allumé, qui brille, qui réchauffe. Une étincelle ? Une flamme…

Alors, je reprends : par un triste jour d’hiver au tout début janvier, passées les fugaces désillusions des fêtes de fin d’année, me voilà chez moi. Assise dans la vacuité figée de mes quelques jours de congés. Je réfléchis, je médite. Au fur et à mesure que mon corps se détend, l’espace tout autour de moi devient l’espace de ma pensée, puis l’espace de mon ressenti. Il devient paysage, celui de mon esprit qui « s’expanse » autour de moi. Je ressens alors que la frontière entre intérieur/extérieur recule, il n’y a plus véritablement de frontière, cela devient essentiellement une vue de l’esprit, et c’est le cas de le dire !

Comme si quelque chose s’inversait : cet espace qui apparaît vide et inoccupé autour de moi, semble faire partie de moi. La pensée n’est alors plus un espace restreint et limité à l’intérieur de mon corps, mais au contraire, tout ce qu’il y a autour de moi. Devenant comme un espace du possible. Celui de mon esprit. Bien sûr, je ne parle pas de l’espace tangible du monde extérieur, je n’ai pas la prétention de dire qu’il fait partie de moi et que je pourrais avoir un quelconque pouvoir sur lui ! Je ne suis ni une super héroïne ni une magicienne, qui aurait ce pouvoir là. Quoique, au vu des avancées surprenantes de la science concernant le vide de l’univers, qui sait...

C’est plutôt que l’espace de l’esprit se superposerait à celui de l’univers. Les deux me semblent être comme inexplicablement « intriqués », un peu à l’instar de l’intrication quantique, à quoi cela me fait d’ailleurs penser. Une part du mystère de l’univers. Mais je reprécise, le sujet n’est pas l’influence qu’on pourrait avoir sur lui, comme il aurait sur nous. Plutôt cette simple possibilité de se (re)trouver, se poser en soi et en son existence afin d’y prendre part et pouvoir être heureux de vivre, cette possibilité d’être en paix et pouvoir se réaliser.

Donc, oui : comme une sorte de retournement se produit. Ouvrant une grande part de possibilités – toujours en soi-même, en esprit, je tiens à bien repréciser. Cela vient-il tout seul, ou est-ce moi qui le provoque ? L’image d’une flamme me vient à l’esprit. Enfin, quelque part dans ce paysage personnel juxtaposé, qui m’est apparu. Que j’ai « co-construit », je serais tentée de dire. Car je le ressens comme faisant partie de moi. Et quelque part cette flamme qui brille sans brûler, me réchauffe l’âme. Comme un phare dans la nuit, ou plutôt la grisaille figée de cette journée hivernale.

Cette flamme me semble à la fois comme le cœur de mon être, et en même temps un désir profond. Ce qui brûle d’être en soi, tout en désirant se voir autour de soi, se propager. Devenir universel. Comme le merveilleux voyage d’un point A qui souhaiterait trouver en un point B ce qu’il y a de plus universel et précieux en soi. Le don de voir, de penser, d’être, d’aimer? Cela me fait penser à une phrase dans la bible : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » (ou l’inverse ?). Ce qui est autour de soi serait comme ce qui est en soi, et inversement.

Alors… Ne serait-ce pas comme une clé (symbolique), de déverrouillage, de libération intérieure ? Si par le travail sur soi, la méditation, ou la simple faculté de lâcher prise, on arrive à accéder à la part la plus intime car la plus irréductible en soi. Et si, par le plus grand lâcher-prise on accepte l’idée que cette part dépasse la notion même de soi. Et qu’on accède ainsi à quelque chose d’universel ? Que l’on peut symboliser par l’image d’une simple flamme qui brille. Alors, oui… cette infime et intime part qui n’est plus vraiment soi. Elle est à la fois à l’intérieur et autour de soi, on pourrait la résumer à la l’étincelle même de la vie.

Cette flamme qui brille en moi, elle brille en dehors et même au-delà de moi. Dans chaque être humain, et même dans chaque être vivant. Si j’arrive à « descendre » suffisamment profondément en moi, davantage par un cheminement de lâcher-prise et d’allègement plutôt que d’effort et de fardeau mental, alors je peux accéder à cela qui est en moi et pas moi en même temps, mais qui me fait être. Et que je peux retrouver autour de moi, en (ce) qui est. Je ne suis alors plus réduite à mon identité construite biologiquement, socialement, etc. La promesse d’une grande légèreté et liberté intérieure : Simplement, JE SUIS.

Le 02-01-2024

Flamme interieure