Le corps représente véritablement la frontière entre le monde intérieur et le monde extérieur. Il est comme une porte, le passage privé de chaque individu lui permettant l’accès personnel du monde extérieur au monde intérieur et inversement. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, du fait de son apparence concrète « solide », il ne représente ni une fin en soi, ni un commencement dans la manière d’être. Ce n’est pas quelque chose qui enferme ni ne représente un obstacle, une barrière.

Nous ne pouvons être notre corps d’une manière finie. Nous ne pouvons nous « poser » sur la sensation d’être, car le corps dans sa manière d’être, de se vivre, est un état intermédiaire entre une certaine façon d’être et une autre. Entre le monde intérieur et le monde extérieur. Nous pouvons dire quelque part que nous « sommes » ce que nous ressentons à travers le corps, mais nous ne sommes pas notre corps. Il ne nous possède pas non plus, si nous le décidons bien sûr.

Nous sommes totalement libres dans la manière de vivre notre corps, de l’être et si au-delà du corps nous expérimentons le côté « absolu » de l’être d’un point de vue spirituel, en s’étant ouvert à Dieu, en ayant atteint la dimension du Divin que nous portons en soi et bien nous pouvons nous rendre compte que le corps n’est qu’un état intermédiaire. Même si nous « sentons » la vie avec notre corps, l’expérimentation profonde de l’état d’être se passe bien au-delà du corps. Etant donné que l’être est avant tout une énergie de vie, le corps ne constitue qu’une « étape énergétique » que nous pouvons choisir de vivre de manière passive ou bien au contraire que nous pouvons « utiliser » pour intensifier ou élargir l’expérience énergétique que nous appelons la vie.

Aussi nous sommes totalement libre dans notre manière d’être et donc dans la manière de vivre le corps. Soit nous choisissons de vivre passivement notre vie et notre corps et à ce moment là nous « subissons » la vie sous tous ses aspects dont elle peut se manifester, notamment à travers le corps. Soit nous choisissons d’être maître de ce que nous vivons, de ce que nous sommes, sachant que ce que nous vivons dépend de ce que nous sommes. A ce moment là il y a deux options possibles : Nous pouvons vivre notre corps comme un véhicule dans lequel « nous arrivons », que nous utilisons puis à un moment donné que nous quittons, comme une location, au moment où l’on meurt.

Ou bien nous pouvons également choisir d’intégrer notre corps, de le devenir véritablement. A ce moment là si nous décidons de l’intégrer et de ne plus le quitter comme un objet qui aura été emprunté, alors il n’y a plus de mort physique. Intégrer son corps, c’est le devenir énergétiquement. Cela se passe sous la forme d’une sorte de transmutation par l’esprit de chaque partie du corps, chaque parcelle, chaque atome… Peut-être bien es-ce d’ailleurs le phénomène que nous appelons l’Ascension.

(le 26 mars 2005, à la veille de Pâques)