Goût de bouche en sang
Goût de cendre dans la bouche
L’eau le sang et la cendre
Se mêlent en liqueur ascétique

Dans le sang et la cendre
L’homme naissait
Et de sa lente insomnie
La mémoire revenait

Mémoire d’eau de sang et de cendre
L’âme baigne dans l’ambivalente mer
La cendre se rassemble
Pour constituer la lie de l’humanité
le lit de l’univers

La nature infinie est contenue
Dans le grand livre devenu poussière
Les rochers le sable la terre
Se mêlent en une seule extase
L’effervescence s’anime
En un tourbillon se phosphore

Les cascades de neige grise déferlent
En vision prophétique
La perle des yeux traverse la poussière
Et la lumière perce
Née de la cendre et du rêve

Le sang le fer et le souffre
Se transforment en une lente édification
De rêve métallique
Où sonnent le vide la puissance le règne
Le règne étalé la névrose l’obéissance

Sonne le glas des prophéties antiques
Sonne le vertige
Étincelant hermétique et froid
Le grand livre devient paroi de fer et de vice
Et l’être se cogne à son propre supplice

La chair tendre supplie
Les os deviennent limaille
Et circule une pluie de bataille
Par les veines forgées de peine et de fiel
Et se déverse dans la bouche déjà cendre
Le goût du sang…