J’ouvre la porte sur l’hiver
Et laisse le rêve de vie morte
M’envahir comme un bienfait
Un pied sur la plaine gelée
Le corps se fige sous la froide torpeur
Et la pluie pénètre ma pensée
Goutte à goutte imbibant
Chaque nœud de mon existence
Mon sang s’enivre puis se noie
Dans la liqueur dévastatrice
Les yeux coulant au-dehors
Comme un torrent aveugle
Cherchant à se disperser
Chaque larme aspirant à la terre
Muette et solennelle
La peau tendue vers le désir enraciné
Éclate et se répand
Sur chaque face abandonnée
De roche d’herbe et d’écorce
Déjà dénudés par la saison pétrifiée
Chaque cellule de mon être se fond
A la substance acide et sauvage
En une étreinte passionnée
Le miracle sensuel s’accomplit
La vie explose en pluie de chair et d’esprit
A travers la surface de la terre
Qui m’accueille et m’ensevelit
En son sein inerte et éternel …