Époque stationnaire et saturée
L’ère frigidaire démesurée
S’est propagée à l’échelle planétaire

Apparition du grand vide dominateur
Le tortionnaire Aspirateur à l’ambition acide
Absorbe toute chaleur et douceur de la vie
Pour ne laisser que la rancœur des cœurs livides

Dictature féroce et invincible
Des presse-purée au service de la folie
La folie inquiétante et impalpable
D’un système digestif mis en tête de liste

Royaume écœurant et imprécis
Où les êtres et adjectifs sont esclaves des appétits
Stagnant dans des bains d’huile ou d’avarice
Tantôt engloutis par la froide ignorance
Ou rejetés par la brûlante bile

Aveuglante cime des ventres arrondis
Les montagnes fétides et indiscernables
Retiennent l’âme et l’esprit dans le piège
Et en leur panse et leurs pensées sacrilèges
Elles menacent de tout démolir

Les êtres sont prisonniers des glaces cupides
Montées comme d’immenses entremets sordides
Imprégnées de suc de vice et de rêves sabotés
L’humanité coule comme une crème fouettée
Et s’apprête à disparaître en une bouche tourmentée…