Sans rentrer dans les détails je dirais que ma vie, comme tant de vies, est faite d’une succession d’expériences diverses, collectionnées jusqu’à présent comme des morceaux de puzzle éparpillés. Lieux, boulots, rencontres, activités… Mais depuis peu de temps j’ai le sentiment que tous ces morceaux se rassemblent petit à petit. A défaut de se ressembler peut-être vont-ils progressivement s’assembler, je crois bien que c’est ce que je souhaite. Et peut-être de le souhaiter fortement va-t-il permettre que cela se réalise...Rentre en compte ici un élément non négligeable dans la vie en général : la foi.

Avoir foi en ce que l’on vit, en ce que l’on est avant tout. Avoir foi en la Vie. Pas facile me direz-vous… Mais j’y travaille depuis longtemps. Après s’être placée sur mon chemin à un moment donné de ma vie, la question de la foi est devenue de plus en plus importante pour moi, primordiale même. Puisque là se trouve à la fois le centre et le départ de toute chose. A chacun sa foi et son cortège de croyances. Qu’importe les croyances. C’est l’énergie de vie qui compte le plus, ce qu’il y a d’universel derrière tout type de foi. Ce n’était pas le tout de rencontrer la foi. Fallait-il, après l’avoir intégrée, la vivre. Je me rends compte d’ailleurs, depuis relativement peu de temps, qu’il y a une bien grande différence entre la théorie et la pratique.

On peut toujours explorer le monde mental et élaborer de belles théories sur la quête de Dieu. Se créer même un univers idéal empli de belles choses et de grands sentiments. J’ai vécu cela. Mais je pense que l’on ne peut véritablement parler de foi et l’expérimenter que si on la confronte à la vie concrète, à ce qui est « extérieur » à nous-même. Chaque chemin est unique, en ce qui me concerne j’ai rencontré la foi au bout d’une profonde solitude. Et puis tout au long processus de transformation et d’évolution que l’on nomme la vie, j’ai été amenée, poussée parfois malgré moi à la faire descendre (ou remonter ?) en moi-même jusqu’au concret. J’imagine qu’il existe de nombreuses personnes pour lesquelles il se passe l’inverse : elles rencontrent la foi à travers une situation concrète (souvent malheureusement un accident, une maladie,…) qui les amènent à découvrir en elles-mêmes l’univers intérieur de la spiritualité.

Le plus important c’est que vie intérieure et vie concrète se rejoignent. Et qu’à travers la foi il y ait réconciliation et fusion des différents plans d’existence : plan mental, physique, etc. Voilà d’ailleurs pourquoi on se retrouve souvent à vivre des choses qui ne semblent pas avoir de liens entre elles : parce qu’en soi-même on est « morcelé », partagé entre les choses du cœur, les choses du mental, du corps aussi. Pour l’avoir souvent ressenti et puis constaté dans ma propre vie, je pense que ce que l’on vit est tout simplement à l’image de ce que l’on est en soi-même. On peut donc considérer la foi comme étant l’élément de jonction, le moteur à la fois partout et nulle part qui peut permettre de retrouver l’harmonie dans tout ça. Telle est donc ma quête personnelle, ma ligne de conduite je dirais plutôt : Que tout en moi et puis dans ma vie, se rassemble et prenne sens.

Alors si j’en viens à la question de l’écriture et bien je dirais que pour moi elle n’est pas une fin en soi mais plutôt une sorte de témoignage, celui de mon « processus personnel d’évolution de vie »… Peut-être est-ce une question de choix - avant tout psychologique-, la vie en elle-même reste pour moi la chose la plus importante, au-delà de tout ce que l’on peut faire ou avoir. D’ailleurs je n’ai jamais su et ne sais toujours pas qu’est-ce que j’aurais souhaité, qu’est-ce que je souhaite faire dans la vie. Je ne me suis jamais sentie de vocation particulière, ni même d’intuition sur ce que j’allais vivre. J’ai souvent eu l’impression d’avoir été montée à l’envers : tant de gens arrivent sur terre avec un bagage particulier, des idées des désirs, une mission à remplir… Moi je suis là à ne toujours pas savoir qu’est-ce que je suis venue faire concrètement.

Alors je vis chacun de mes jours à essayer de comprendre et expérimenter ce que me donne à vivre la vie, puis à espérer ainsi me constituer mon bagage existentiel, ma raison d’être, ma mission de vie. A défaut de savoir qu’est-ce que j’aimerais vivre, je fais la démarche inverse de prendre ce que me donne la vie et de faire avec. Et c’est ainsi que j’ai appris à aimer la vie. Après être passée par des phases de souffrance existentielle, qui justement par contraste rendent la vie d’autant plus belle et précieuse.

Je ne m’impose pas à la vie, c’est elle qui me modèle, comme une sculpture fidèle et soumise. Et moi je modèle le regard que je porte sur elle. C’est un échange subtil, accompagné d’un long travail dépuration. Tandis qu’elle m’amène à me dépouiller de matières inutiles et encombrantes comme la peur, la culpabilité, de mon côté le regard s’affine, lui renvoyant chaque jour davantage l’image d’un joyau. Concrètement pour moi la vie est une aventure totale, intérieurement c’est un lien d’amour qui se tisse à travers un travail de co-création. La vie est cet espace de liberté et de création qui se trouve entre nous … et nous-même. Nous avant, nous après. Nous humain et nous divin. J’ose dire qu’en fin de compte nous sommes créateur de notre propre vie.