Frontière
Par Cécile Montier le samedi, avril 1 1995, 22:29 - - humanité - Lien permanent
J’escaladais les monts j’escaladais la mort j’escaladais les mots pour franchir le pont approcher du port et toucher la peau la peau rebelle et suave qui fait outrage outrage à la vie des trépassés du Grand Naufrage les sans-abris les sans-esprit abandonnés laissés pour compte dans la nuit impitoyable la peau rebelle qui ligote et ensorcelle l’être faible l’esprit retors la pensée rongée comme une prison double diaphane fatale une fleur vénéneuse qui absorbe et disperse le mal la peau rebelle de la vie sans retenue sans égale qui éclate comme un soleil à minuit en tissu de pêche et rêves vermeil puissante à illuminer le profond sommeil ou les tristes veilles je cherchais la peau touchais la porte et franchissais le pas derrière l’enveloppe qui retient le monde si fine si forte et tellement féconde la frontière sous-jacente imaginaire et sans réticence dans l’antichambre des désirs des bruits et du nombre l’espace multicolore sans ordre où commence la pénombre...