Je suis partie de l’autre côté de mon rêve pour tenter d’être l’autre. L’autre présent en moi qui est moi et pas moi en même temps, difficile de savoir…
Je suis partie emportant la coupe pleine de ma propre vie.
Je suis partie l’offrir au-delà. Offrir mes peines, ma joie ma souffrance de ne pas savoir. Tendre sans savoir vers quoi, pourquoi, pour qui…offrir, mourir au-delà de moi pour donner justice, justifier ma propre vie.
Je suis partie mourir un peu quelque part, par-ci, par-là…semer l’énergie qui ne sait pas pourquoi elle vit. L’offrir à l’inconnu en espérant qu’il existe. Et qu’il me le redevra.
Je suis partie embrasser le vide, l’aimer le plus possible, le chérir afin de lui donner corps, âme, vie. A défaut d’un corps, d’une âme, d’une vie qui se sent vide, vide de sens.
Je suis partie, pourrir un peu ma vie trop neuve, trop ignorante. Je suis allée l’écorcher, la faire vivre, la faire rire aussi à l’écueil des différents mondes. J’ai voyagé. J’ai laissé un peu de moi ici et là.
Je suis morte un peu entre les pages. Une trace à chaque fois. Quelque chose qui n’existe plus maintenant pour moi, mais quelque part. Une trace d’éternité. Pas pour moi. Pour que vive ce qui vit. Ailleurs, moi ou quelqu’un d’autre. Quelle importance…
A travers le regard brille une reconnaissance. Une mémoire vaguement consciente à travers la trame de la chair. La chair d’existence de chaque un. Le plus possible je porte chacun en moi. Moi et pas moi. Quelque chose qui déporte, transporte à une autre place, à un autre niveau. Un niveau où rien ne s’égare. Où rien ne s’enlève.
Trêve réelle entre les pages de rêves qui se tournent. Rêves multiples d’êtres en quête ou en querelle. Pourquoi arracher les pages ? L’histoire serait incomplète. Pages qui se renvoient les unes aux autres, qui se croisent qui se cherchent ou se toisent. Livre fouillis de la vie sans fin ni commencement. Sans achèvement.
Mais la fin d’un être est le commencement d’un autre. La fin d’un rêve est le commencement d’un autre. Le chagrin et puis le soleil. La perte et puis le retour à l’intemporel où tout se réunit à nouveau...

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