Tout tourne : les choses les gens
les souvenirs et le reste
tout valse en folie trouble
comme un rêve qui se dédouble
lentement à la langueur de la planète
lentement à la langueur de l’immense devinette
cercle court qui heurte le fond de la tête
et se répète et répète les mauvais jours
et se resserre
se resserre en temps coulant
qui force le mensonge et les détours
se resserre en nœud de cravate
autour des cous devenus raides
des nuques lourdes et pieds qui traînent
les pieds qui traînent du prisonnier
qui tourne autour de lui-même
ne pouvant tourner plus court
dans la cour de la prison blême
les pieds qui traînent du soldat blessé
avant la guerre blessé d’être né
blessé de son propre rêve
qui tourne en roue amère
ramenant les mêmes promesses
les mêmes trous
trous de la pensée qui se délaisse
trous des désirs qui grandissent incompris
trous de la terre qui se dévide d’elle-même
et celui du soleil qui brille
qui brille de sa lumière
la lumière circulaire autour de la tête
de l’être visionnaire et unique
seul être qui aurait su enrayer peut-être
le profond maléfice qui s’enroule
ou déroule l’agonie
indéfini infiniment long
en serpent éternel
autour de l’axe fixe originel
plongé au fond du cœur vivant
et vivant lui-même en œil fixe
ouvert sur le monde
ouvert comme l’œil du poisson mort
indécent et rond...

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