Il vient de se passer un événement : J’ai cassé mon rétroviseur… Mince, flûte, aïe ! Comme c’est bête, et énervant. Une partie de moi est vexée, contrariée, mais une autre partie de moi décide d’observer cela avec un certain recul (ah ah, c’est le cas de le dire). Et cela semble signifier quelque chose : Serait-ce que je ne doive plus regarder en arrière ? Ou bien cela ne signifie rien de particulier, et donc je suis libre de lui attribuer un sens. Ce que je « m’amuse » souvent à faire, quand il m’arrive un désagrément.

Il suffit alors de faire un pas en arrière et observer ce qu’il se passe, comment on réagit : On est en soi plusieurs personnes. Comme une sorte de théâtre avec de multiples personnages. Il y’a le personnage principal, l’ego, qui prend toute la place. Et se manifeste dès qu’il y’a une contrariété au niveau de l’affect. Formé de tout un tas de choses : l’éducation, la personnalité, le contexte environnant. Et on réagit tellement comme un petit enfant : dépendant de l’entourage le plus proche, du matériel, du qu’en-dira-t-on, il faut qu’on, y’a qu’à, etc....

Il est un peu comme l’arbre qui cache la forêt. Derrière il y’a une forêt, du moins d’autres arbres. Et c’est cela qui est intéressant d’observer : qu’on peut avoir en soi plusieurs personnages pouvant prendre le relais. D’autres aspects de soi que l’on connaît bien peu. Et ce que j’expérimente avec le rétroviseur, je l’ai déjà vécu dernièrement. En fait, je l’ai vécu de nombreuses fois, et à des degrés différents : de la simple contrariété à l’effondrement intérieur, quelque chose en soi résiste et se braque. Contre ce qui blesse. Plus l’intensité est forte, plus on a l’impression d’être comme agressé. Jusqu’à pouvoir être moralement anéanti.

Aussi grande puisse être une douleur émotionnelle, à moins bien sûr de faire une bêtise, on n’en meurt pas. Et justement, il y a comme un voile qui se déchire. Ou si vous préférez, un changement de perspective sur la scène où se joue votre pièce du moment : on peut découvrir qu’ il y’a autre chose derrière... Je pense que nous sommes chacun comme une poupée gigogne. Un personnage en cache un autre, qui en cache un autre, etc...

D’un banal événement de la vie sans gravité, on peut ainsi choisir une manière de l’interpréter, et « rebondir » dessus. Ouvrir comme une porte dans notre perception des choses. Et pourquoi pas accéder à cette partie de soi à la fois détachée mais justement très présente, la découvrir et l’expérimenter...