J’ai poussé la poignée de l’instant
Et me suis assise ici là
La tête étalée dans l’air qui passe
Le poids du corps se relâchant
En une masse qui s’efface
Je me suis penchée et j’ai regardé
Entre mes pieds posés le sol usé
Une faille qui s’entrebâille
Entre deux piliers ancrés
Depuis combien de temps déjà
Comme un serpent délaissant sa léthargie
Lentement l’esprit glisse au-dehors
Du haut de sa montagne imprécise
Tandis qu’il se déploie et dévale le temps
Suspendu en un cliché permanent
La crevasse avale l’espace
Qui s’ouvre et deviens paysage factice
Et devient passage vers un autre paysage
Caché dans le vide qui bascule
Et le plein qui s’incline
Libérant une vie infinie
De lieux, de pensées, d’esprits qui attendent
Ici et maintenant de ressurgir …